Airborn Audio (1ère Partie)

C'est peu dire qu'High Priest et M. Sayyid se seront fait attendre. Presque 3 ans après la séparation d'Antipop Consortium, très peu d'éléments concrets ont filtré des consoles new-yorkaises des deux compères. En dehors de quelques maxis, de featurings épars et de street-cd's distribués au compte gouttes, Priest et Sayyid auront préféré garder un profil bas pour mieux préparer leur offensive. Maintenant que leur lames sont bien aiguisées et que le nom de leur nouveau combo commence à être ancré dans les esprits, ils débarquent en ce mois de février chez Ninja Tune avec leur premier album sous le blason Airborn Audio: "Good Fortune". Quelques heures avant leur fantastique concert donné à Paris au mois de septembre dernier dans le cadre du festival La Villette Numérique, nous avions pu nous entretenir longuement avec eux sur cette nouvelle aventure mais aussi sur leur vision des choses, sur leurs projets solo et sur l'ensemble de leur carrière. Première partie d'une interview fleuve. English version



Hip-Hop Core: Depuis la fin d'Antipop, Beans a fait plusieurs tournées à travers le monde et a déjà sorti pas mal de projets solo: 2 albums, un EP, pas mal de maxis… Dans le même temps, vous êtes restés pour le moins discrets et vous n'avez pas laissé percer beaucoup de titres. Beaucoup de projets ont été annoncés sans qu'on en voie le bout… Comment ça se fait?



M. Sayyid: Le truc, en fait, c'est qu'on a passé quasiment tout notre temps à nous concentrer sur Airborn Audio. On a pris notre temps et on a fait en sorte de ne pas avoir à dépendre des exigences calendaires d'un label ou de quelqu'un. On a tout simplement passé du temps dans notre studio. On a changé de management, de label… On s'est occupé de nos affaires et on a essayé de faire monter le buzz peu à peu. Si tu te contentes de poser ton disque dans les bacs au petit bonheur la chance, sans faire un peu de travail en amont, c'est cool pour toi… Mais de nos jours, tu te dois de vraiment pousser tes propres disques, de te bouger pour faire avancer les choses. En tant qu'artistes, on vit dans une nouvelle ère. Se bouger, ça veut dire sortir des mixtapes, les déposer en magasin, se faire un maximum de fans avant même la sortie de ton album. Notre album sort en février 2005 et en ce moment (ndlr: septembre 2004) on est déjà en train de faire le tour des shops avec des disques remplis d'instrumentaux, de freestyles et de trucs de ce genre. Tu vois, il fallait qu'on prenne un peu de recul et qu'on reconstruise, plutôt que de simplement sortir des disques à la pelle…



HHC: Je crois savoir qu'à l'origine l'album "Good Fortune" devait sortir en novembre 2004…



M. Sayyid: Ouais, ils l'ont repoussé.

High Priest: Ca sortira sur Ninja Tune aux Etats-Unis et on est en train de bosser sur des deals pour le reste du monde. Je pense que ça sortira vers la fin du mois de février. Une chose que je voulais ajouter, c'est que je suis à 10000% super heureux qu'on ait eu le temps qu'il fallait pour assembler un vrai album et pour finaliser le changement de format entre Antipop et Airborn Audio. Parce que si tu regardes bien, les gens connaissent Beans d'Antipop, c'est son nom: Beans… Ils étaient déjà familiers avec ça. Mais quand tu vois Airborn Audio, tu ne sais pas automatiquement que le groupe a quelque chose à voir avec Antipop. Il a fallu du temps pour que les gens le sachent. C'est sur ça qu'on a travaillé ces dernières années, afin que tout le monde sache que c'est juste un changement d'adresse pour nous, un passage à une nouvelle étape. Il y a le même cerveau derrière, la même équipe de production qui vous a amené tous les albums d'Antipop (vu qu'on produisait la majorité de ces LP's)… Airborn vient de la même école qu'Antipop et on voulait que ça soit clair, après tous ces mois qu'on a passé en studio.



HHC: Je crois me rappeler que vos albums solo devaient tous les 2 sortir sur Warp à une époque. Qu'en est-il aujourd'hui?



M: En ce qui concerne nos projets solo, ça avance doucement. On compte suivre un plan d'attaque à la G-Unit en terme de la façon dont on va sortir nos disques, si tu vois ce que je veux dire. Mais on voulait d'abord s'occuper de la maison, des fondations… et pas de la voiture. La maison, c'est Airborn Audio. Ensuite, on sortira plein d'autres petits trucs. Mais quand tu me vois, tu verras Airborn Audio. C'est notre façon de faire les choses. Donc, les projets solo vont clairement voir le jour prochainement mais il fallait gérer les priorités. On s'occupe d'Airborn et ensuite on suivra le planning, comme G-Unit.



HHC: Mais ces projets solo seront-ils hébergés par Warp?



M: Non, non, c'est ce que quelqu'un racontait un peu partout mais ça n'a jamais été prévu comme ça. On n'avait promis qu'un seul disque à Warp, avec une option sur un autre. On leur a donné ce disque et on a bougé ailleurs. Il n'y a jamais eu de contrats solo prévus avec Warp en particulier. On a parlé de certains trucs mais rien de bien défini.





HHC: Priest, ton flow est nettement influencé par le spoken word, avec une touche un peu sombre en prime. A l'opposé, le flow de Sayyid tranche l'air comme un sabre. Comment avez-vous développé ces techniques vocales pour le moins différentes?



HP: Tu as bien résumé le truc, mec. Sayyid, c'est un peu Bruce Lee ou Chuck Norris. Il transperce le beat. On fait ce qu'on a à faire tous les 2. Evidemment, nous avons des influences différentes mais le point le plus important c'est cet espace où nos univers se rencontrent sur les titres, lorsqu'on collabore et qu'on pose nos rimes. Airborn a le même format qu'Antipop. Sauf que maintenant on n'est plus que 2. Tout ce que vous avez pu entendre, tout ce que vous avez pu lire, tout ce que vous avez pu écouter de nous par le passé, on l'a juste fait passer dans un format compatible avec les années 2000. C'est ça, Airborn.

M: Pour ce qui est du flow, ce n'est que le début. Nous continuons à nous développer en tant qu'écrivains et en tant qu'artistes. On essaie toujours de faire les choses bien. Il y a tellement de façons différentes de cracher tes rimes, de décomposer les chansons, de jouer avec leur structure, de s'amuser avec les histoires… Il y a une quantité infinie de possibilités de faire la musique que l'on fait. On est vraiment excité à l'idée de toutes les explorer, tout en essayant de rester compréhensible. Ca ne nous intéresse pas de balancer des rimes au hasard et de rapper n'importe quoi, juste pour la rime. Pas du tout! Ca ne rime à rien. Nous nous devons d'être à la fois aussi clairs que possible et aussi avant-gardistes que possible, parce que c'est pour ça qu'on nous paie.



HHC: Est-ce que vous pensez que le fait que vous ayez depuis l'enfance baigné dans un milieu artistique (vu que certains membres de vos familles étaient impliqués dans différents arts) a influencé votre façon de voir et de faire de la musique?



HP: Tout ce à quoi tu es exposé dans ta vie est une influence, que tu en sois conscient ou pas. Même le fait que nous soyons réunis ici maintenant sera une influence à un moment ou à un autre, parce que par exemple en voyant que vous appréciez ce que nous faisons, je me dis: "Putain! Ces mecs que je ne connais pas personnellement écoutent ce qu'on fait et apprécient notre travail". Ca nous inspire. Tout ce que l'on voit, depuis ce que nous avons vu pendant notre enfance jusqu'à ce qui se passe sous nos yeux maintenant, et même ce qu'on pense pouvoir se passer, c'est ce qui va dans notre musique. Voilà le studio, ici, sur cette table (ndlr: nous montrant du doigt sa MPC et tout l'équipement installé sur une table dans les loges).

M: Nous vivons tous dans un temps passé, présent et futur. Toutes ces choses se combinent pour devenir des influences et font partie de ce qu'est l'expérience de la vie. Nos antécédents, notre base culturelle sont des bénédictions divines. Je suis vraiment super content d'être impliqué dans les arts et d'avoir une famille qui est aussi là-dedans.



HHC: Comme vous l'avez dit plus tôt, vous produisiez déjà la majeure partie des projets d'Antipop. Mais qu'est-ce qui a changé depuis que vous êtes devenus Airborn Audio?



HP: L'une des plus grosses différences, c'est que nous sommes aussi les ingénieurs du son maintenant. Du coup, quand tu entends nos titres, tu sais qu'on a quasiment tout faits. C'est un défi qu'on s'était lancé. On voulait prendre notre destinée entre nos mains…



HHC: Priest, est-ce que tu pourrais nous dire quelques mots sur le maxi 'Sonics of the Youth' que tu as sorti sur Ozone?



HP: C'est un truc que j'ai fait à une époque où je commençais tout juste à apprendre à programmer pour moi-même. C'est un concours de circonstances. On a eu l'opportunité de sortir quelques trucs en petite quantité et ça nous a permis de montrer l'une des facettes de ce qu'on fait.





HHC: A un moment, il se disait que tu allais sortir un album solo mais on ne l'a jamais vu. En fait, à part un remix pour Daedelus et quelques titres pour Sound Frequency Crew, on ne t'a pas beaucoup vu à la production dans les bacs. Sur quoi travaillais-tu?



HP: Maintenant qu'on a fini de bâtir la maison Airborn, on va pouvoir commencer à s'occuper d'autre chose. Sayyid et moi faisons tous les deux des instrumentaux, vu que nous produisons. Chacun des beats sur lesquels nous ne posons pas nos rimes reste un instrumental… J'ai donc encore des tas de disques d'instrus en stock, si tu vois ce que je veux dire. Mais pour le moment, vu que la priorité reste Airborn Audio, tout ça est dans un coin de notre tête, en attendant le début de 2005… C'est bon de savoir qu'on voit les choses de la même façon avec Sayyid, d'une manière cohérente. On va continuer à balancer des promos, à sortir des mixtapes et après on verra.



HHC: Que peux-tu nous dire à propos du EP "Book Of Keys" que tu as sorti chez Sound Ink?



HP: Ce projet est composé d'instrumentaux et de titres rappés… Sayyid et moi, on s'entend vraiment bien avec les gars de Sound Ink. Je suis content d'avoir eu l'opportunité de le sortir. On a dû prendre du recul pendant un moment, on avait plein de très bons titres en stock et on a dû faire certains choix sur la bonne direction à prendre. Le truc qu'on a fait pour Sound Ink a été enregistré l'an passé en fait mais on continue à avancer.

M: On a notre propre son. Avec un projet comme ça, tu as l'occasion de mieux cerner HP et son monde. Après, avec mes trucs solo, tu me cernes un peu mieux… Et après tu fais la synthèse en écoutant Airborn Audio.



HHC: Pourquoi avoir décidé de bosser avec Sound Ink pour vos projets solo alors que c'est Ninja Tune qui sort votre album commun?



M: On a juste fait quelques sorties vinyles avec Sound Ink en fait. Pour nos albums solo, on a quelques options en main. On est train de les étudier. Les gens nous contactent, on leur répond… On a reçu beaucoup de coups de fils de la part de plusieurs labels et on compte aussi sortir quelques trucs de notre côté, en indé. L'esprit de la musique indépendante continue à vivre en nous et on compte bien faire certaines choses par nous-même. Les gars de Sound Ink sont super. Ils nous ont contacté pour faire un truc. Ils nous représentent, on les représente… Mais on n'avait pas de deals sur le long terme avec eux, c'était à titre exceptionnel.



HHC: Sayyid, ça fait aussi un bout de temps qu'on attend ton album solo "The Alternative"…



M: Tu dois faire des choix dans la vie. Une des décisions que Priest et moi avons pris, c'est que nous devions mettre Airborn Audio sur les bons rails avant de passer à autre chose. C'est dans la continuité de l'objectif qu'on s'était fixé à l'époque d'Antipop. C'est un travail d'équipe. C'est une question de sacrifice. On a mis les trucs solo de côté pendant un temps, pour qu'Airborn s'impose. Maintenant, on va sortir d'autres trucs.

HP: De toute façon, le temps n'a pas la même importance lorsqu'on parle de musique. La musique reste l'élément principal pour nous et le cadre temporel est déterminé en fonction d'elle. Ce n'est pas comme si on était à se dire "Oh, il faut absolument finir ça pour telle date!"…. Si ce n'est pas prêt, ça ne sort pas.





HHC: Sayyid, tu as aussi enregistré un track avec Grem's aka Supermicro du groupe français Hustla récemment…



M: Avec qui? Je ne suis pas au courant de cette histoire.



HHC: Euh… Comment ça tu n'es pas au courant? Il a sorti un titre 'The Promo' sur lequel tu apparais…



M: Ok (ndlr: rigolant). C'est cool. Big up mon pote. C'est super. Tu sais quoi, tant qu'on parle de rap français, je connais quelques artistes de rap français… Je ne comprends pas le français mais je comprends les inflexions des voix. Je m'intéresse à la façon dont les gars projettent leurs rimes et à leur sélection de beats, et j'ai entendu quelques titres phénoménaux, mec. Pour être honnête, j'ai oublié les noms mais j'ai entendu quelques tracks vraiment brûlants. Je veux dire, la France est le second plus gros marché pour le hip-hop au monde. Les français sont vraiment à fond dans le truc. C'est quelque chose que Priest et moi avons toujours apprécié lorsque nous sommes venus par ici. Ce n'est pas comme si on allait au Groenland, où les mecs ont une vague idée de ce que tu fais mais sans plus… Ici, c'est le second cœur du hip-hop. C'est un honneur d'être accueillis ici.

HP: En ce qui me concerne, je suis plus familier avec du rap français old school, comme MC Solaar. En dehors de ça, du Saïan Supa Crew et de quelques gars que j'ai rencontrés ici et là, je ne connais pas beaucoup de trucs plus récents.



HHC: Qu'est-ce qui vous attire tous les deux dans les sonorités électroniques et minimalistes qui ont toujours caractérisé votre son?



HP: En toute humilité, je pense honnêtement que nous avons d'une certaine façon mis ce type de son sur la carte. Je veux dire s'affranchir des samples, etc… Quand on a percé avec Antipop, tout le monde faisait des trucs plutôt basés sur le sampling. On est parti de cette situation et on a décidé d'opter pour un son minimal et moins dépendant des samples.

M: Personne n'utilisait de synthés ou de trucs de ce genre à l'époque. Le premier album d'Antipop contenait encore beaucoup de samples. Mais avant ça, on avait déjà sorti une mixtape sur laquelle il n'y avait aucun sample. C'était en 1996-97. Tout le monde nous disait: "Oh, les mecs, c'est quoi ce truc?"…



HHC: Qu'est-ce qui tourne dans votre lecteur CD ces derniers temps?



M: Le nouveau street-cd d'Airborn "The Outtakes". C'est de la bombe (rires). Merci à tous les magasins qui nous ont bien accueilli et qui ont accepté d'en prendre quelques exemplaires. Sinon, j'écoute le nouveau Game, le titre des Neptunes avec Snoop… et je suis dans une phase Bob Marley (ndlr: Sayyid porte un t-shirt "I Love Ethiopia" aux couleurs de la Jamaïque).

HP: Le même genre de trucs pour moi, plus quelques vieux titres en vinyle. On s'est mis à écouter des trucs comme Genesis, Traffic. On se plonge un peu dans le passé pour étudier les compositions. Sinon, j'écoute Nas, Missy…

M: On écoute majoritairement des trucs mainstream en ce moment. Outkast…

HP: De toute façon, toute l'opposition pop vs. Underground ne rime plus à grand chose aujourd'hui. Ce qui est hot est hot. David Banner, Lil' Jon, c'est ce qui claque donc c'est ce qu'on écoute. A part ça, on écoute aussi MF Doom, Madlib… On s'en fout.





HHC: A propos de Doom, Sayyid, tu as fait pas mal de collaborations ces dernières années. Tu as posé avec lui mais aussi avec Aceyalone, Rob Sonic, Fred Ones, Heat Sensor et quelques autres. Quels souvenirs gardes-tu de ces collaborations?



M: C'est un peu un hommage à ce qu'on a fait au cours de toutes ces années. C'est toujours cool de rapper sur un track avec quelqu'un d'autre. Je n'ai pas vraiment d'expériences personnelles très profondes dans le lot, même si je dirais que c'était vraiment dingue de faire un titre avec Doom. Doom est scientifique. Il a une vision des choses bien à lui et c'était vraiment intéressant de collaborer avec lui.



HHC: Depuis 2 ou 3 ans, j'ai le sentiment que très peu de choses vraiment innovantes et intéressantes ont émergé de la scène hip-hop new-yorkaise… et que New-York a vraiment perdu son rôle central dans le hip-hop d'avant-garde. Comment ressentez-vous cela en tant que new-yorkais?



HP: Euh… Il y a un gars, je ne sais pas si vous en avez beaucoup entendu parler par ici, mais il s'appelle Jay-Z! C'est tout ce que j'ai à dire.



HHC: Non, mais je parlais d'artistes d'avant-garde, d'artistes émergents comme vous l'étiez à vos débuts?



HP: Personne ne va re-faire ce que nous avons fait, parce que c'était nous. Personne ne nous remplacera. Tout le monde a fait son trou maintenant. Avant, l'underground était en quelque sorte un vrai mouvement donc il y avait un type de son qu'on essayait tous de mettre en avant. C'était notre objectif. Maintenant, il n'y a plus d'objectif de ce genre. Tous les rappers underground veulent signer sur un label à un certain moment donc il n'y a plus vraiment de son underground à New York. Les gars font des titres pour qu'ils soient entendus par le plus grand nombre de personnes et pour passer aux étapes suivantes… Au lieu de suivre le son et la route tracée par un tel ou un tel, c'est plus une question d'individus maintenant. Fat Joe a son son, Airborn a son son, Jay, Nas… Ce n'est pas comme par le passé où tout le monde sonnait comme Gangstarr ou comme le Wu-Tang.

M: Comme dit HP, avez vous entendu parler de Jay-Z?! NY est la Mecque du hip-hop. Parce que NY fait naturellement tout émerger. Même si ça vient du Sud des USA, il faut que ça passe sur Hot 97 pour que ça commence à faire du bruit à un niveau national. NY est encore à tout point de vue le pinacle du rap. En ce qui concerne les nouveaux artistes qui montent, il y a pas mal de gars, Cam'ron, etc… Common est à New York. Plein de gars sont à NY et font de super trucs: Talib Kweli…





HHC: Non mais vous ne m'avez pas compris. Je parlais d'artistes qui amènent quelque chose de vraiment neuf. Je ne vois pas dans la liste des artistes que vous m'avez cité de gars qui apportent encore aujourd'hui un vrai renouveau…



M: C'est justement là qu'on intervient! Honnêtement.

HP: Ouais, et je suis vraiment très fier que nous ayons un son bien à nous. En tant que producteur, si tu n'as pas une touche personnelle, c'est vraiment dur d'être reconnu. Dr Dre a un son. Neptunes, Timbaland, nous, on a tous notre propre son. Je suis content d'être dans la même catégorie que ces mecs-là. Maintenant, il faut juste que nous lâchions quelques titres pour présenter à nouveau notre son au public.



HHC: En parlant d'innovation, vous avez toujours été réputés pour vos expérimentations live sur des MPC et pour la place centrale que les machines occupaient souvent dans les shows d'Antipop. Ces derniers mois, pas mal d'artistes rap ont suivi la route que vous avez tracé et utilisent des MPC pour dynamiser un peu leurs shows. On a même vu des battles de MPC à Paris. Comment voyez-vous ce phénomène?



HP: (ndlr: riant) Je pense vraiment qu'Akai devrait nous donner un peu de thune ou au moins nous sponsoriser… parce qu'on est pour beaucoup dans l'avénement de la MPC 2000XL, 8 sorties, 16 pads. Avant nous, personne n'utilisait la MPC comme ça, sur scène, en live, en allant plus loin que de se contenter de balancer les boucles en mémoire. Personne ne jouait avec les MPC avant. Sayyid et moi avons eu cette idée, et c'en était une bonne. Et je comprends tout à fait que les gens reprennent cette idée, parce qu'elle est bonne. Mais, il faut que ce soit dit une fois pour toute, personne ne faisait ça avant qu'on le fasse. Sayyid a vraiment donné une vie à la MPC. On a trouvé une utilisation différente à cet instrument, et je suis content que d'autres personnes aient suivi la voie qu'on a ouverte. C'est dope.

M: Enfin, la prochaine fois qu'on déboulera avec une nouvelle idée toute fraîche, il faudra qu'on se planque derrière des putains de rideaux pour que personne ne puisse voir comment on fait, mec! Mais c'est cool quand même, parce qu'il y a encore peu de temps j'ai vu des mecs jouer avec une MPC et je me suis dit: "Eh eh, je sais d'où ils tiennent cette idée!" C'était marrant. C'est cool de voir qu'on a eu une influence.



Interview de Cobalt
Photos de MC23 & Nicolanifanta
Février 2005

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