Blame One

MC originaire de Baltimore, Blame One est un passionné de hip-hop qu'il pratique sous diverses formes depuis son plus jeune âge. Fruit d'une collaboration avec le producteur Exile, "Days Chasing Days", son dernier album en date, est à la fois introspectif et profondément old school. Hyperactif, Blame One s'est arrêté pour refaire le monde le temps d'une interview et évoquer sa mémorable première partie pour King Tee. English version



Hip-Hop Core: Pour commencer, peux-tu te présenter ?



Blame One: Eh bien je suis un emcee, l'heureux papa de deux enfants et je fais aussi un taf alimentaire.



HHC: C'est quoi comme travail ? Comment jongles-tu avec ces deux activités ?



BO: Je travaille pour une agence de publicité où j'analyse les résultats des campagnes publicitaires. C'est pas facile de jongler entre ma musique, ma famille et mon boulot. Je fais de la musique très tard le soir et je ne dors vraiment pas beaucoup.



HHC: Qu'est-ce qui t'a attiré vers le hip-hop ?



BO: A l'époque il y avait un groupe de jeunes b-boys qui se retrouvaient devant chez moi dans le Maryland. Dès la première fois que je les ai vu, j'ai accroché à la musique, la danse, le style et l'attitude. L'attirance s'est faite tout naturellement.



HHC: Le hip-hop est synonyme de quoi pour toi aujourd'hui ?



BO: Le hip-hop dans sa forme passée comme présente représente pour moi un bon moment, un mode de vie, une culture underground avec tout ce que cela peut représenter... aussi bien de positif que de négatif.



HHC: Tu as joué en première partie pour King Tee. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience ?



BO: J'étais un gros fan de King Tee. A l'époque il y avait une maison de production qui s'appelait Magic Trik Productions qui organisait des concerts vers chez moi. J'avais pour habitude de leur apporter mes petites cassettes faites à la main et je les suppliais de me laisser ma chance. Ils ont fini par me proposer une première partie pour King Tee (qui était extrêmement bourré à ce concert... haha) et j'ai posé sur l'instru de Boogie Down Productions 'Jack Of Spades'. Le public a adoré.



HHC: Tu as fait tes débuts dans un groupe qui s'appelait Mysteries Extinction. Comment ce groupe a-t-il vu le jour et pourquoi vous êtes-vous séparés ?



BO: Bah au début, six de mes amis ont formé un groupe qui s'appelait Soul Food. Mon pote Deja avait un cousin qu'on appelait Gods Gift. Gods Gift nous a présenté Kan Kick et lorsque nous sommes partis enregistrer avec lui la première fois, il a sélectionné deux d'entre nous (Deja et moi) en déclarant que le groupe, ça devrait être nous seuls. C'est moi qui ai trouvé le nom du groupe - Mysteries Extinction - et c'était parti. Plus tard on a incorporé DJ Cro et Sandy Lion dans le groupe. Tout comme n'importe quel groupe talentueux, on avait chacun nos idées de la direction qu'on voulait prendre avec ce groupe et plus le temps passait, plus on bossait chacun de notre côté. On reste amis. DJ Cro a été DJ pour les deux derniers concerts que j'ai fait.





HHC: Sur ta bio on peut lire que "(...) les gens passent souvent à côté des rappeurs de San Diego". Comment ça se fait ?



BO: Je n'ai pas de réponse arrêtée sur la question. Si tu te fais un public à L.A., très rapidement tu cartonnes. Alors que si ton public est composé d'autant de personnes mais basé à San Diego, dans la plupart des cas tu vas devoir aller à L.A. pour continuer à évoluer. Nous travaillons pour remédier à cette situation.



HHC: Tu as déclaré à propos de ton nouvel album "nous rentrons tous dans la routine et adoptons des types de comportements et le concept de cet album est de sortir de ces carcans pour tenter d'accomplir des choses qui nous tiennent à cœur." Que cherches-tu à accomplir et/ou à apporter en tant que MC ?



BO: De la musique qui vient du cœur et un degré d'intelligence. Dans mon quotidien, je suis vraiment le clown de la classe. Je suis plus sérieux lorsque je fais ma musique, et je dévoile des choses dont je ne parlerais pas normalement ouvertement.



HHC: La première chanson 'Supreme Beings' aborde des thèmes existentiels et/ou philosophiques qu'on retrouve au fil de l'album - à savoir, une réflexion sur le sens de la vie, la mort, la religion, le temps... A ton avis, pourquoi ces thèmes sont-ils si rarement abordés dans le hip-hop mainstream ? Est-ce vraiment aussi simple que de dire qu'il n'y a que le bling et le sexe qui vendent ?



BO: Eh bien le hip-hop mainstream a sa place. Quand tu as envie d'oublier la réalité qui t'entoure, sortir boire un verre et aborder des nanas... Tu écoutes du hip-hop mainstream. Lorsque tu as envie de réfléchir et/ou que tu veux retrouver un peu de ce qui a pu te faire vibrer en premier lieu dans le hip-hop, j'espère que les gens se tourneront alors vers mon album. Il s'agit de trouver un équilibre. Je pense que la bonne musique reste de la bonne musique.



HHC: Que ce soit dans 'Supreme Beings', 'Wonder Years' ou encore 'Bring To You', il y a une certaine candeur dans ton approche des thèmes précités. As-tu toujours eu une telle perspective sur les choses, ou est-ce l'influence de tes enfants (tu dis à un moment "tenter de voir les choses à travers le regard de mes enfants est une vraie leçon") ?



BO: J'ai commencé à développer ma perspective sur le monde vers l'âge de 17 ans et depuis elle n'a pas trop bougé, si ce n'est pour évoluer un peu. Lorsque je parle de voir les choses à travers le regard de mes enfants, je suis en fait en train de dire qu'il faut que je retrouve mon innocence. Lorsqu'on devient adultes, on a tendance à compliquer même les situations les plus simples. Les enfants ne font pas ça, j'adore ça. Mes enfants sont incroyables.





HHC: Neuf producteurs ont travaillé sur ton album, parmi eux Exile, Black Milk et Blu. Comment ces collaborations ont-elles vu le jour et comment avez-vous bossé ensemble - est-ce que tu sélectionnes des morceaux qui te plaisent dans le catalogue du producteur, est-ce que vous échangez des thèmes et des idées avant de passer à l'écriture... ?



BO: Pour la plupart des mecs avec qui j'ai bossé, je les connaissais déjà auparavant. Chaque producteur m'a envoyé plusieurs sons et j'ai choisi ceux qui me plaisaient pour enregistrer dessus. Ensuite, je m'asseyais pour discuter des détails avec Exile. Exile, c'est le mec vers qui je me tournais pour voir si la chanson était cohérente avec le projet, et le cas échéant... C'était retour au point de départ. Quasiment aucune des chansons que j'ai enregistrées pour "Days Chasing Days" ne ressemble à sa version originale.



HHC: En quoi sont-elles différentes des versions originales alors ? Et peux-tu nous parler un peu plus de ta collaboration avec Exile ?



BO: Dans la majorité des cas, j'ai enregistré ces chansons deux ou trois fois avant que nous soyons d'accord qu'elles étaient suffisamment bonnes pour figurer sur l'album. Certains de mes vers et/ou refrains ont été remplacés par ceux d'invités. Quant à notre collaboration, on a juste travaillé ensemble pour décider de ce qui collait le mieux.



HHC: Musicalement cet album affiche une forte influence old school. C'est une démarche délibérée ou pas ?



BO: Je suis branché à fond old school et j'œuvre toujours de façon délibérée pour le représenter. Même si je suis parmi les derniers à le faire, je ne déconne pas avec ça. Je suis plus que fier de représenter la musique avec laquelle j'ai été élevé.



HHC: Par quels moyens cherches-tu à représenter ce genre tout en essayant d'y apporter un peu de fraîcheur ? Tant de rappeurs ont versé dans le old school - et beaucoup le font encore - ça doit être très compliqué de perpétuer un genre sans le recycler...



BO: Eh bien je pense que j'y arrive grâce au fait que je me tiens au courant du hip-hop actuel, du coup je n'ai pas trop de mal à rester frais et à comprendre ce qui peut marcher et ce qui ne peut pas. La vibe old school me vient naturellement parce que je suis de cette époque et je sais ce qui a été tenté et ce qui n'a pas encore été tenté. Et puis j'essaye juste d'apporter ma propre réflexion sur chaque thème que j'évoque. Que ça ait déjà été fait ou pas n'est pas vraiment la question, ce qui compte c'est ce que tu apportes et ce qui est important c'est de ne pas plagier quelqu'un d'autre.



HHC: Le titre éponyme, 'Days Chasing Days', est une belle métaphore filée sur le temps. Qu'est-ce qui t'a poussé à appeler l'album ainsi ? Et aussi, est-ce des instruments live sur ce morceau ?



BO: Merci. A l'origine j'écoutais la chanson 'Days Chasing Days' des Congos. J'adore cette chanson et je me suis dit que j'adorerais écrire mon propre texte sur ce titre. Au début on avait un sample des Congos dans la chanson mais on a fini par l'enlever. On trouvait tous les deux (Exile et moi) que le titre était très évocateur et c'est pour ça qu'on a décidé d'appeler l'album ainsi. Et oui, il y a des instruments live dessus.





HHC: C'est un hautbois qu'on entend dessus alors? Et peux-tu nous parler des musiciens qui ont travaillé sur l'album ?



BO: Je crois bien que tu as raison. Il faudrait poser la question à Exile pour les musiciens, parce que ces ajouts aux chansons ont eu lieu lorsque je n'étais pas en studio. Je suis cependant très reconnaissant aux musiciens et très heureux du résultat final.



HHC: Dans cette chanson tu commences par dire "J'ai l'impression que la religion est désormais devenue le plus gros mensonge", alors que vers la fin de la chanson tu déclares "J'ai besoin de dieu". Peux-tu nous expliquer cette apparente contradiction ?



BO: J'ai l'impression que la religion est la forme de ségrégation la plus répandue. S'il y a bien une raison pour laquelle le monde ne sera jamais uni, pour moi ce serait à cause de la religion. Je suis très croyant et je respecte toutes les religions et toutes les croyances. Il y a un dicton selon lequel "aime ton ennemi comme ton prochain". Si c'est le cas, alors pourquoi se vexer sous prétexte que ton prochain ne croit pas au même dieu que toi.



HHC: Ne penses-tu pas que la religion est surtout un prétexte utilisé pour diviser et séparer et que les motivations sous-jacentes aux guerres sont plus simplement l'argent et/ou le territoire ?



BO: Je ne crois pas que le but de la religion en tant que concept soit de diviser. En revanche je crois que les gens ont tendance à s'en emparer comme arme de choix, plutôt que de le voir comme un moyen de se rapprocher et d'aimer les autres. Ca joue aussi sur l'égo et ça donne aux gens une attitude moralisatrice dans pas mal de cas.



HHC: Qu'écoutes-tu comme musique ces derniers temps ?



BO: J'arrête pas d'écouter la nouvelle chanson de Raekwon 'Back From The Slums', Royce da 5'9" 'Shake This'; des morceaux de Fashawn & Johaz qui ne sont pas sortis et ma dose quotidienne de reggae (il y en a trop pour les citer).



HHC: Tu l'évoquais tout à l'heure, tu es un grand fan de hip-hop old school. Ecoutes-tu également des artistes de hip-hop indés et/ou expérimentaux, et si oui lesquels ?



BO: Je ne saurais même pas par où commencer. J'écoute de tout, d'Aceyalone à Jadakiss, de Evidence à Snoop Dogg. Je suis un fan de hip-hop de façon générale. Si je tombe dessus et que le son est bon... Alors je vais l'écouter.



Interview de Naïma
Mai 2009

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