Invincible

Nous l'évoquions dans la chronique qui lui est dédiée, Invincible est un nom à suivre en 2009. MC redoutable, encensée à juste titre par Talib Kweli et Slum Village et ayant fait ses armes sur des instrus de Waajeed et de Black Milk, Invincible a sorti cette année "Shapeshifters", premier album passionnant à la croisée entre poésie, brûlot révolutionnaire et documentaire sur la ville de Detroit. Entretien avec une jeune femme aussi talentueuse qu'engagée. English version



Hip-Hop Core: Les influences que tu as pu évoquer sont principalement hip-hop: A Tribe Called Quest, Paris, Gang Starr, De La Soul... Quels sont les autres genres musicaux qui t'inspirent?



Invincible: La bonne musique reste de la bonne musique, quel que soit le genre, et je suis influencée par pleins de musiques différentes. De but en blanc, je citerai parmi mes favoris: Nina Simone, Letigre, Parliament-Funkadelic, Jimi Hendrix, Prince, Billie Holiday, Abel Meerepol (qui a écrit "Strange Fruit"), Marvin Gaye, Bill Withers, Alixa et Naima, James Brown, Kraftwerk, Underground Resistance, Fairouz et Björk, mais la liste est longue.



HHC: L'album bénéficie de nombreuses collaborations intéressantes. Peux tu nous parler un peu des différents featurings et de comment ils ont vu le jour?



I: Toutes les personnes qui ont contribué à cet album sont comme de la famille pour moi. Il ne s'agit pas d'une de ces équations artificielles créées par l'industrie selon laquelle tel producteur + tel featuring égale un hit (rires). Les anecdotes autour de chaque personne qui a collaboré sont nombreuses. J'ai rencontré Worsdworth lors de ma première excursion à New-York pendant une session open mic, où j'ai également fait la connaissance de D-Stroy du groupe The Arsonists, qui quelque temps plus tard m'a à son tour présenté aux personnes qui font maintenant partie de mon crew The Anomolies. SUN a été le premier MC à me faire paraître en featuring sur une sortie officielle (son premier album), c'est aussi la première personne avec qui je suis montée sur scène à Detroit. J'ai rencontré Waajeed en '97 dans un magasin de disques à Detroit, on a repris le contact au festival de musique électronique. On a commencé à faire des trucs ensemble pour le premier projet des Platinum Pied Pipers. J'ai rencontré Indeed en travaillant avec lui sur l'album "Art Official Intelligence" de De La Soul. Et puis pour Finale, on se voyait régulièrement lors de concerts et on s'est aperçus qu'on avait systématiquement le même choix d'instrus lorsque les producteurs nous faisaient écouter leurs sons ; du coup on a décidé de poser ensemble sur une instru de House Shoes qui a évolué pour devenir le titre 'Locusts'. J'ai rencontré Black Milk par le biais de Slum Village et Athletic Mic League, et il m'a proposé de paraître sur son projet "Dirty District Vol. 2" avec Finale. Apex officiait comme DJ lors de mes premières parties en Europe avec Stacy Epps pour la tournée de Bahamadia il y a quelques années, et j'ai sélectionné son instru pour 'Spacious Skies' alors qu'on était en tournée... Je pourrais continuer comme ça pendant des heures (rires). Tous ces artistes sont incroyables et je suis honorée de leur participation sur l'album!



HHC: La chanson 'People Not Places' évoque le conflit israélo-palestinien, et l'artiste palestinienne Abeer chante dessus. Peux tu nous traduire ce qu'elle dit?



I: Abeer est une parolière et chanteuse formidable. Elle participe à un documentaire sur lequel j'ai travaillé qui s'appelle "Slingshot Hip Hop" (slingshothiphop.com), c'est comme ça que nous nous sommes rencontrées.

La traduction de sa partie du refrain est la suivante:

"Souviens-toi du nom de nos villes / Avant que vous ne soyez venus les remplacer / Souviens-toi et dis-moi / Dis-moi comment une terre natale qui ne vit qu'à l'intérieur de nous ne peut pas nous manquer".

Abeer m'a expliqué que le dernier vers était inspiré d'un dicton palestinien qui dit: "La plupart des gens vivent dans une nation, nous avons une nation qui vit à l'intérieur de nous".

Je viens de tourner un clip pour cette chanson, qui sera à la fois un clip et un documentaire, dans le même esprit que 'Locusts'. Ce clip sortira concomitamment avec un projet d'atelier prévu à la fin de l'hiver / au début de printemps 2009 en commémoration du 61ème anniversaire de la Nakba de 1948.



HHC: Tu as également collaboré avec divers producteurs sur cet album, incluant Black Milk, Waajeed, House Shoes... T'arrive-t-il de produire des sons et, le cas échéant, est-ce que quelque chose que tu envisagerais de faire à terme?



I: Au fil des années je me suis essayée à la production, aux percussions et à la rythmique, et avec le temps j'aimerais dédier plus de temps à ces choses. Ca constitue une expérience musicale qui enrichit ma façon de poser. Pour le moment je veux surtout me concentrer sur mon rôle de MC, et laisser les producteurs infiniment talentueux qui m'entourent faire ce qu'ils font de mieux.



HHC: Tu as déclaré que la plupart des chansons sur cet album ont pris des années à voir le jour. Quelle chanson t'as pris le plus de temps et pourquoi?



I: La chanson 'Locusts' (ndlr : qui parle de l'embourgeoisement). Il était très important pour Finale et moi de faire beaucoup de recherches pour cette chanson, et nous avons sollicité le maximum de témoignages possibles d'habitants de Detroit.



HHC: La chanson 'Spacious Skies' traite de l'image que tu te faisais des Etats-Unis en grandissant en Israel, et le contraste avec la réalité à laquelle tu as été confrontée lorsque tu es allée y vivre. Tu as depuis travaillé avec le YSN (réseau de solidarité entre la jeunesse palestinienne et américaine). Qu'as tu pensé de la perception qu'ont les jeunes palestiniens des Etats-Unis et t'a-t-elle paru très différente de ta propre perception à l'époque?



I: Ils avaient clairement une compréhension très politisée du rôle que peut avoir les Etats-Unis dans leur financement et leur soutien d'Israel, et tout un tas d'autres politiques étrangères injustes, mais ils ignoraient complètement le racisme et l'injustice qui perdurent encore dans ce pays. Le premier jour de l'atelier, de jeunes palestiniens ont écouté des morceaux extraits d'un cd fait par le Detroit Summer LAMP ("Rising up from the ashes… chronicles of a dropout") qui avaient été traduits pour l'occasion et qui parlent de la façon dont les étudiants dans des quartiers déshérités sont fliqués et traités comme des criminels au quotidien.

Après avoir écouté ces morceaux les jeunes palestiniens étaient choqués et en colère, ils n'arrivaient pas à comprendre comment ce genre de chose pouvait arriver dans des écoles américaines alors qu'eux vivent dans un pays où ils galèrent ne serait ce que pour aller à l'école, devant affronter les postes de contrôle et parfois pire, et ce tous les jours. Après avoir écouté ces témoignages de jeunes de Detroit, un participant m'a dit : "les films et les séries laissent à croire que les Noirs et les Blancs s'entendent désormais et qu'il n'y a plus de racisme, je ne me serais jamais douté que ce genre de choses arrive encore là-bas."

J'avais la même impression quand j'étais petite, d'autant plus que le plus gros prime time de l'époque était le Cosby Show, et cette émission donnait l'illusion que les Noirs aux Etats-Unis sont traités de façon égale...





HHC: Tu as écrit des textes pour l'émission new-yorkaise The Lyricist Lounge. Peux tu nous en parler un peu?



I: Nous avons écrit et enregistré à Los Angeles pour les deux saisons. C'était un processus d'écriture intense (on travaillait 24h/24) et j'ai beaucoup appris au contact de tous mes collègues (qui incluaient Wordsworth, Mos Def, Thirstin Howl III, Bareda, Abnormal et bien d'autres), puisqu'ils avaient tous différentes façons d'écrire. Ca a été l'occasion pour moi de rencontrer bon nombre de mes artistes préférés qui ont participé à l'émission (Q-Tip, Tash, Erykah Badu, Cee-Lo, Da Brat et d'autres). Mis à part ça, j'ai détesté travailler pour MTV qui censurait et/ou tentait régulièrement de travestir le contenu de l'émission, prétextant que c'était "trop black, trop hip hop", etc. Cette expérience a vraiment confirmé que travailler avec des gros de l'industrie n'était clairement pas fait pour moi.



HHC: Tu cites la série de livres "Parables" d'Octavia Butler comme étant une inspiration majeure pour ta chanson 'Shapeshifters'. Quels autres auteurs aimes-tu?



I: J'adore aussi "Wild Seed" d'Octavia Butler; "The Lone Ranger And Tonto Fistfight In Heaven" de Sherman Alexie. "Song of Solomon", "Sula" et "Beloved" de Toni Morrison sont tous trois des chefs d'œuvre, tout comme l'est "Another Country" de James Baldwin. Ceci étant dit, la plupart des livres qui m'ont marqué sont des essais, de la non-fiction. "Memoirs Of A Race Traitor" de Mab Segrest, "I Am Woman" de Lee Maracle, Angela Davis, Assata Shakur, Malcolm X, les autobiographies, "Borderlands" de Gloria Anzladua, "The Fire Next Time" et "Notes Of A Native Son" de James Baldwin, les nombreux écrits de Grace et Jimmy Boggs. Audre Lorde, Edward Said, Norm Filkenstein, Andrea Smith, Scott Kurashige, Jeff Chang sont d'autres auteurs que j'aime beaucoup mais la liste est interminable... Mais c'est pas comme s'il me restait du temps pour lire maintenant (rires).



HHC: Envisagerais-tu d'écrire un roman?



I: Un jour, j'aimerais faire un projet musical plus épique et qui serait aussi labyrinthique, cohérent et texturé qu'un roman, mais à l'heure d'aujourd'hui je ne me vois clairement pas comme une écrivain papier.



HHC: Tu as déclaré par le passé que tu écris de façon très visuelle. As-tu tendance à écrire sur un beat, ou est-ce que les rimes viennent d'abord toutes seules?



I: Je n'ai pas de modus operandi établi, ça varie énormément d'une chanson à une autre. Dès que je commence à bloquer avec une approche, j'ai tendance à essayer de le faire d'une autre façon et de me mettre au défi.



HHC: Tu as également déclaré que tu es ta pire critique. Qu'est-ce que tu juges le plus sévèrement: le contenu, la technique ou le beat?



I: Un ami m'a dit une fois qu'en terme de contenu tu peux raconter ce que tu veux et les gens t'écouteront qu'ils soient d'accord ou non, pour peu que la façon de le dire soit convaincante et que le flow soit vraiment bon. J'ajouterai que les gens écoutent avec encore plus d'attention si les jeux de mots, leur placement et la construction des rimes sont fins, et aussi que les chutes sont intelligentes et que c'est très imagé. Bien sûr que j'ai toujours un regard critique sur le contenu de ce que j'écris, et j'aimerais vraiment m'améliorer dans l'art de la production ne serait-ce que pour ajouter des couches de musique et des arrangements à mes morceaux ; mais honnêtement, ce qui m'importe le plus, bien plus que la technique, le contenu ou le beat, c'est de trouver ma propre voix, de développer une façon de rapper qui soit bien à moi. A travers ça, j'espère créer des espaces d'inspiration pour que d'autres personnes trouvent à leur tour leur voix.



HHC: Pas mal de critiques évoquent le fait que tu ne fasses jamais d'egotrips dans tes chansons. Pour pousser cette analyse encore plus loin, on pourrait dire qu'à l'écoute de ton album, autant on apprend beaucoup sur tes théories sur la société et le monde qui t'entoure, autant tu ne te dévoiles finalement que peu. Même une chanson comme 'No Easy Answers' qui traite d'un sentiment (l'amour) se rapproche plus d'un débat philosophique que d'un témoignage personnel. Est-ce que ce fait est le fruit du hasard, est-ce ta façon de fonctionner ou est-ce tout simplement ta manière d'envisager ton rôle en tant qu'artiste?



I: Chaque ligne que j'ai pu écrire pour cet album est influencée par une de mes expériences, ou alors j'y cite directement une discussion que j'ai pu avoir avec un ami proche ou un partenaire. Quelques morceaux sont plus franchement autobiographiques, ('Deuce/Ypsi', 'Ropes', le refrain sur 'People Not Places'). C'est particulièrement le cas dans 'Ropes' où je commence à évoquer mon histoire personnelle, à dévoiler ma perception du contexte dans lequel j'ai pu vivre.

Ce sont davantage des chansons que j'ai pu faire avant cet album qui étaient très personnelles au niveau du contenu ('The Eulogy' avec Black Panther, ou 'Silence', parue sur la mixtape "Last Warning") et je compte faire des chansons clairement autobiographiques par la suite, mais à mes yeux les chansons sur cet album sont tout aussi personnelles voire davantage encore, dans la mesure où je fais référence à des choses que seules les personnes qui me connaissent extrêmement bien pourraient relever. J'ai tendance à prendre beaucoup de temps pour écrire et je choisis chaque phrase de façon très délibérée. Ca permet aux chansons d'avoir de nombreuses grilles de lecture que l'auditeur peut explorer à sa guise, soit en s'engouffrant de plus en plus profondément dans l'interprétation, ou soit en restant dans une compréhension générale de ce que je raconte.





HHC: Tu fais partie du crew Anomolies, et tu as beaucoup évoqué ton envie de montrer une autre représentation de la femme dans le hip-hop, plutôt que de te contenter de critiquer le format existant. Le sexisme a été institutionnalisé de multiples façons, mais quel rôle attribues-tu aux femmes dans la perpétration de ce système?



I: Toute personne qui coopère avec le système tel qu'il existe actuellement prend le risque de le perpétrer. Ainsi, toute personne, quel que soit son sexe, doit pouvoir jouer un rôle pour créer une dynamique de pouvoir plus équitable, pour mieux définir notre potentiel en tant que personne, nuancer les représentations, et ce au-delà des rôles qui nous sont attribués actuellement.



HHC: Tu travailles également avec Detroit Summer, un programme de jeunesse multiculturel et multi générationnel, et qui fût fondé parmi d'autres par Grace Lee Boggs, qui apparaît également en featuring sur ton album. Peux-tu nous parler un peu de cette femme?



I: J'ai commencé à bosser avec Detroit Summer en 2000 lorsqu'ils ont décidé qu'ils voulaient apporter une dimension hip-hop au programme, et en 2002 on m'a proposé d'emménager à Detroit pour devenir la coordinatrice média/évènementiel de l'organisme. Peu de temps après mon déménagement j'ai rencontré Grace Lee Boggs à l'un des rassemblements. Elle avait 86 ans à l'époque et prenait encore des cours d'aquagym presque tous les jours, sans parler du fait qu'elle aidait à créer plusieurs groupes de communauté dans sa maison (The Boggs Center qui tend à encourager le leadership dans les communautés). J'ai appris que ça faisait soixante ans qu'elle militait, et qu'elle le faisait depuis plus de cinquante ans à Detroit. Dans les années 60, elle et son feu mari Jimmy Boggs travaillaient pour le mouvement des droits civiques et ont organisé la venue de Malcolm X à Detroit à l'occasion de l'historique Grassroots Leadership Conference. Le FBI ne savait pas comment catégoriser cette femme américaine d'origine chinoise aussi impliquée dans le combat de la communauté Noire, donc dans les documents COINTELPRO elle est décrite comme "Afro Chinoise". Elle et Jimmy Boggs travaillaient avec CLR James au début de leur militantisme, qui incluait l'organisation du Detroit Summer de 1992 (aux côtés de nombreux autres activistes pour les droits civiques venus de tout le pays pour encourager la jeunesse à prendre les devants dans la reconstruction de leurs villes à partir de rien). Grace a également un doctorat en philosophie, et elle et Jimmy ont écrit de nombreux livres, qui ont développé et influencé des philosophies sur le changement social et l'organisation de ce changement à travers le monde. Leur livre le plus connu s'appelle "Revolution and Evolution in the 20th Century" et explique qu'aucune révolution ne se ressemble, et qu'il est donc important d'agir mais aussi de réfléchir et d'affiner le processus adopté, de telle sorte à évoluer en tant que révolutionnaire. Grace a aujourd'hui 93 ans et son intellect est encore incroyablement vif. Je la considère comme une amie et comme une mentor, et je lui rends visite autant que possible pour que nous puissions continuer à apprendre l'une de l'autre.



HHC: Tu as déclaré lors d'une interview pour le Metro Times que tu as "rapidement perdu tes illusions sur la nature réactionnaire des politiques de protestation". Pourquoi?



I: Je faisais référence aux groupes sectaires gauchistes qui recrutaient de façon intensive à mon lycée, et leur façon de s'organiser qui était particulièrement rigide et opportuniste. Mais pour parler de façon plus générale, je pense que manifester n'est qu'une simple réaction aux injustices qui t'entourent, tu peux vite t'y embourber puisque ces injustices dictent dès lors ta façon d'agir et souvent finissent par t'accabler.

Nous devons être en mesure de modeler le genre de communauté dans laquelle nous souhaitons vivre, et cela devrait être intégré et servir à informer la façon dont nous nous opposons aux dures conditions qui nous régissent actuellement. On ne peut pas se permettre d'attendre "après la révolution" pour vivre la vie que l'on souhaite vivre. Je m'inspire beaucoup de ce que disent les situationnistes français, à savoir "la révolution est la façon dont nous vivons notre vie au quotidien". Les projets qui me passionnent le plus montrent aux gens à quel point ils sont puissants en démontrant que la façon ultime de renverser un système reste de créer un modèle plus viable permettant aux communautés de fonctionner avec une approche holistique, respectueuse et aimante, rendant ainsi les sociétés injustes, haineuses et fragmentées dans lesquelles nous vivons actuellement obsolètes.





HHC: Un des grands thèmes de l'album est la "gentrification" et l'impact que cela a pu avoir sur Detroit. En faisant des recherches sur le mot, on tombe sur la définition suivante : "L'embourgeoisement résulte d'efforts de réinvestissement urbains de la part des gouvernements locaux ou des groupes de quartier, qui redirigent l'argent pour l'investir dans des infrastructures pour des villes en détérioration. Il incite à re-développer, permet l'accès aux prêts à taux bas pour des demandeurs à faibles revenus, procure une aide aux jeunes investisseurs, et améliore les conditions de location. Ces efforts sont mis en rapport avec la réduction des taux de criminalité dans l'immobilier local, des hausses de prix immobiliers, de plus grands revenus pour les gouvernements locaux grâce aux taxes foncières et à une augmentation de la tolérance envers les homosexuels". Que penses-tu de la seconde partie de cette définition, notamment par rapport à la ville dans laquelle tu vis?



I: Où as-tu trouvé cette définition? On dirait que les locusts s'amusent encore à poster des définitions mensongères sur Wikipedia (rires).

Ce qui est vrai c'est que lorsque le phénomène d'embourgeoisement se développe dans une ville, il est souvent accompagné d'une recrudescence de présence policière, de harcèlement et de brutalité. Il est également vrai que les prix immobiliers en hausse évincent les habitants à faibles revenus, et bien sûr les pauvres de tous bords, y compris les gays, ne sont PAS tolérés, puisqu'ils sont également évincés.



HHC: Tu as pour projet de sortir un DVD multimédia sur ton label Emergence. Peux-tu nous en dire un peu plus?



I: Le DVD est loin d'être prêt, mais en attendant je suis actuellement en train de créer des morceaux multimédia qui accompagnent cet album ('Locusts', 'Sledgehammer!', 'Ropes', et 'People Not Places' sont des chansons qui auront chacune un documentaire ou un support vidéo). Chaque support vidéo aura plusieurs couches, notamment de plus longs extraits d'interviews que je n'ai pas pu utiliser dans le format documusicvideo court, ou encore des cursus que moi et d'autres éducateurs qui me sont proches ont développé pour utiliser les chansons de manière plus participative. A terme, j'aimerais sortir toutes ces choses, et ce dvd (ou peut être un autre format multi média) servirait à ça.



HHC: Prévois-tu de refaire une tournée en Europe?



I: J'ai passé une grande partie de cet été en Europe puisque j'étais en tournée avec Bahamadia, Roxanne Shante, Eternia, DJ Shortee, Stacy Epps et bien d'autres artistes féminines hip-hop très talentueuses. Ca a été une expérience fantastique pour moi et je compte sortir un mini documentaire sur cette tournée très bientôt. Et je vais revenir en Europe en 2009, c'est sûr!



HHC: Depuis l'élection d'Obama, la presse internationale s'est vue osciller entre deux extrêmes : d'un côté ceux qui considèrent qu'il aura un impact radical sur les Etats-Unis, et de l'autre ceux qui affirment qu'au vu de la situation et du système actuels, le nouveau président n'aura aucune liberté de manœuvre pour changer quoi que ce soit. Que penses-tu de cette élection et des potentiels changements que cela pourrait apporter au pays?



I: Tout vrai changement commence à l'échelle de la communauté, qui milite et formule des exigences, ou crée des solutions et des visions alternatives. La différence majeure entre Obama et d'autres politiciens traditionnels est qu'il a un passé dans le militantisme, donc peut-être qu'il sera à l'écoute lorsque les gens se réunissent pour partager leur vision des choses. Même s'il n'a pas une grande marge de manœuvre pour changer les choses, quoi qu'il arrive les communautés qui souffrent le plus d'injustices et de problèmes sociaux continueront à transformer leur situation, par pure nécessité.



Interview de Naïma
Janvier 2009

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