Myka 9

MC légendaire de l'underground westcoast, membre des Freestyle Fellowship, pilier du Project Blowed, tirailleur d'Haiku D'Etat, Myka9 s'est fait trop rare ces dernières années, semblant même avoir pris ses distances avec le milieu du rap (notamment à l'écoute de son projet "Citrus Sessions" en 2006 où il exhibait plus que jamais ses talents de crooner). On le retrouve pourtant très en verve et de retour à ses premières amours en cette fin d'année 2008 avec deux nouveaux projets dont il nous dévoile ici les dessous. Entretien online avec Mr Nine. English version



HHC: Yo Mikah... Ou bien est-ce Myka? Comment doit-on l'écrire?



Myka 9: J'aime l'écrire "Myka 9". L'évolution de la manière d'écrire mon nom symbolise mon développement et le changement en moi.



HHC: On lit peu d'interviews de toi donc commençons par le début. De quelle partie de L.A. viens-tu?



M9: Je suis originaire de Crenshaw District mais je vis à Santa Monica maintenant.



HHC: Quel a été ton premier contact avec la culture hip-hop et comment as-tu rencontré les autres membres du futur Freestyle Fellowship?



M9: J'ai commencé à rapper en 1981, quand j'étais au "6th grade" (ndlr: approximativement la 6ème en France, l'entrée au collège). J'ai rencontré Aceyalone à peu près à cette époque, il rappait lui aussi. Self Jupiter a débarqué un peu plus tard, puis j'ai rencontré Kiilu (ndlr: DJ et producteur proche de F.F. et présent sur les albums du groupe) vers la fin des 80's. Enfin, j'ai rencontré P.E.A.C.E. au Good Life Cafe.



HHC: Justement, durant cette époque au Good Life Cafe, il n'y avait pas à proprement parler de séparation claire entre cette scène "alternative" et la scène G-Funk (je veux dire par là que Kurupt, DJ Slip de CMW ou Snoop fréquentaient aussi le bar). Quelles étaient tes relations avec eux?



M9: Je les connaissais en tant que MC's. J'ai connu DJ Slip grâce à Fat Jack. La différence entre eux et nous, c'était simplement une histoire de culture qui se traduisait par des sujets différents dans nos textes. De légères différences entre notre style "B-Boy" et leur culture "Gangster". Mes relations avec eux ont toujours été respectueuses la plupart du temps.



HHC: Quand et comment a commencé cette séparation entre ces deux scènes?



M9: Au début des années 80, quand Dre cherchait partout de jeunes talents. Certains se sont simplement rapprochés de Death Row et d'autres sont partis du côté de Freestyle Fellowship.



HHC: Au Good Life Cafe, comment vous réagissiez envers des gamins qui avaient l'habitude de venir rapper là-bas et qui commencaient à connaître un petit succès à cette époque (je pense à Skee-Lo par exemple, qui rappait avec Trend)?



M9: On était super contents pour eux et on supportait n'importe lequel d'entre nous qui parvenait à se faire connaître.



HHC: Comment expliques-tu qu'aucun des MC's du Good Life ou du Project Blowed (excepté les Dilated Peoples, The Pharcyde et Will.I.Am) n'aient vraiment éclaté au grand jour? A cette époque, Will.I.Am était plus ou moins signé sur Ruthless, il y avait de vrais ponts entre les scènes.



M9: Ça dépendait simplement des relations que tu avais et de la façon dont tu gérais ta carrière à cette époque. Certains ont choisi de devenir mainstream et d'autres sont retournés au hip-hop indé.





HHC: Tu as chanté avec les Wailers pour un morceau il y a longtemps (ndlr: 'My Friend'), quand tu te faisais appeler Microphone Mike. Comment est-ce arrivé?



M9: J'avais été engagé par Greg Ski Royal pour faire un remix rap/dancehall du morceau. J'ai dû faire ça à l'arrache. J'avais eu à peu prés une heure pour le faire mais c'était un grand honneur pour moi.



HHC: Comment en es-tu arrivé à "ghoswriter" des trucs pour N.W.A.?



M9: A cette époque, Dre compilait des morceaux de différents artistes. J'avais écrit deux chansons pour un groupe appelé Rappinstine. C'était le premier LP estampillé N.W.A. qui était initialement une sorte de compilation (N.W.A et The Posse). Au dernier moment, ils ont changé les morceaux de l'album et N.W.A. est devenu un groupe mais ils ont utilisé la même pochette pour le LP.



HHC: En 1995, tu aurais dû sortir "It's All Love" chez Capitol. Pourquoi ça ne s'est pas fait finalement? Surtout juste après le "All Balls Don't Bounce" de Aceyalone... Tu as les masters de cet album? T'en étais rendu où avant que tout ne soit arrêté? Je crois que des extraits bruts des enregistrements avaient été postés sur le blog Cocaïne Blunts à une époque.



M9: J'avais été signé avant Aceyalone en fait. J'avais fait un grand nombre de morceaux pour Capitol mais mon style a fini par ne pas plaire au label. Je n'ai plus jamais entendu ces morceaux depuis cette époque.



HHC: Quel regard portes-tu sur cette expérience auprès d'une major?



M9: C'était vraiment fantastique: de gros moyens, beaucoup d'argent,... bien que la demande de compromis artistiques soit vraiment importante.



HHC: Qu'est-ce qui a mal tourné?



M9: Rétrospectivement, je ne crois pas que quelque chose se soit mal passé. Les choses ont juste suivi leurs cours naturel.



HHC: Comment as-tu vécu la fin de l'aventure Celestial à l'époque? C'était sensé être le label qui allait te donner une certaine visibilité après l'histoire avec Capitol et tout a disparu soudainement...



M9: J'avais quelques projets qui étaient sortis depuis Capitol. Notamment avec Haiku d'Etat et mon travail en solo. Celestial a été d'une grande aide en sortant des singles et en me faisant devenir MC résident au Concrete Jungle.





HHC: Quoi de neuf avec Freestyle Fellowship aujourd'hui?



M9: On a fait quelques prises de sons et enregistré quelques trucs intéressants dernièrement. C'est sympa de savoir que des gens s'intéressent toujours à F.F.



HHC: Des choses prévues pour toi, en solo, prochainement?



M9: Ma discographie personelle se compose de sorties officielles et d'autres un peu moins formelles : "Timetable", "Its All Love", "A Work In Progress", "Citrus Sessions". Mon nouvel album solo est prévu pour le 15 janvier prochain sur Fake Four Records (ndlr: label sur lequel est paru "Chandelier" de Factor). Il s'appelle "1969" et je l'ai réalisé avec Factor. J'ai aussi un nouvel album déjà disponible en collaboration avec J The Sarge sous le nom "Magic Heart Genies" et l'album s'appelle "Heartifact".



HHC: Certains projets annoncés n'ont jamais vu le jour (comme "Gramophone"). C'en est où?



M9: "Gramophone" est terminé. Cet album représente vraiment ma vibe hip-hop originelle. L'album devrait très vraisemblablement voir le jour en sortie spéciale sur mon label M9 Entertainment. Il y a pas mal de trucs puissants dessus.



HHC: On lit ici et là que tu étais membre honoraire de Global Phlowtations et aussi le colocataire de Talib Kweli à une époque. Des anecdotes à ce sujet?



M9: J'ai toujours mon permis de "phlowtation" (ndlr: "my phlowtation device")! Zagu, Adlib, Keto, Cliff, etc... On avait fait un album vers la fin des années 90.
Talib et moi, on trainait ensemble au milieu des années 90. Avant qu'il fasse ses trucs avec Mos Def. C'était mes potes de NYC.



HHC: Tu continues d'aller au Blowed de temps à autres?



M9: Oui mais très rarement et mes visites sont très espacées. Mais c'est toujours marrant d'aller faire un tour là-bas.



HHC: Qu'est-ce que tu penses de la nouvelle génération de MC's issus du Blowed?



M9: Les MC's sont meilleurs que jamais! Des gars comme Nocando assurent vraiment.



HHC: Un concert de Haiku D'Etat avait été prévu en France il y a quelques années. Pourquoi avait-il été annulé?



M9: Je crois qu'on avait dû l'annuler en raison de conflits entre les tournées et les dates de concerts des uns et des autres. J'étais en France à ce moment là (près de Bastille, à Paris) et c'était terrible. J'avais enregistré quelques trucs avec ma soeur T-Love!





HHC: Est-ce que l'on aura la chance de te voir sur scène en France un jour?



M9: J'espère venir jouer ici vers le printemps prochain. J'aime vraiment la France!



HHC: Sur les "Citrus Sessions", tu te concentres davantage sur le chant plutôt que sur le rap. Est-ce que c'est une expérience que tu veux retenter à l'avenir?



M9: Ouais! J'aime rester ouvert sur tout ce que je peux faire en tant que vocaliste. Il y a vraiment une multitude d'approches différentes à essayer.



HHC: Est-ce que tu étais fatigué de rapper à l'époque de l'enregistrement?



M9: Non, pas du tout. Quand j'enregistre quelque chose, j'essaie différentes choses avec ma voix sur différents types de morceaux. Sur les "Citrus Sessions", je produis, je joue des instruments, je rappe, je chante et je participe au processus de mixage mais j'adore rapper.



HHC: Reparlons de "1969" et de l'album des "Magic Heart Genies". Quels sont les concepts derrière ces deux albums?



M9: MHGZ s'inpire en fait d'une histoire d'un objet mystique reçu en héritage et connu sous le nom de "heartifact". Le nom du duo vient en fait de la combinaison des lettres de nos deux noms (moi, Myka 9 et J The Sarge) qui fait "Majyk Hart Gennies". On retrouve aussi DJ Drez au scratch, la déesse Nexxus à la narration et Dr. Archibald Wesley qui est le conservateur du musée qui détient cet "heartifact". L'auditeur est invité à nous rejoindre dans l'aventure...



HHC: Quels sont tes projets à venir après ça?



M9: Un album d'un live de Magic Heart Genies, la sortie de "Gramophone" et un LP appelé "Mykology" qui est vraiment vraiment impressionnant! Sont aussi prévus un mix CD de Haiku D'Etat et des singles de Freestyle Fellowship.



HHC: Hé bien merci beaucoup pour tes réponses. Un dernier mot?



M9: J'espère bien que non! It's all love!



Interview de Bax et Pseudzero
Traduction de Newton
Remerciement spécial à Almyum
Décembre 2008

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