Food For Animals

Aaaahh... On attendait celle-là depuis un petit moment... Food For Animals est l'un des derniers groupes de rap en activité dont de nombreux membres de notre rédaction achéteraient un nouveau disque les yeux fermés. Si vous ne les connaissez pas encore, quelques mots en "s" pour vous. "Scavengers". Sauvagerie. Saturation. Sors de chez toi et va acheter! Et préparez-vous pour "Belly"! English version



Note: Chaque membre, c'est-à-dire Ricky Rabbit, Vulture Voltaire et Hy, a répondu aux questions posées indépendamment, avant de synthétiser ensemble leurs propos.

Hip-Hop Core: Salut. Commençons par les présentations. D'où venez-vous et d'où est tiré le nom du groupe?



Food For Animals: Ricky (Rabbit), Vulture V & Hy. Nous sommes tous originaires de la banlieue de Washington DC, capitale des Etats-Unis. Dans le Maryland. Certains d'entre nous habitent encore par là, les autres ont déménagé, par exemple à Barcelona ou NYC. Le nom "Food For Animals" est en fait tiré d'un morceau de notre premier album, "Scavengers". On a rapidement décidé que ce serait un bon résumé de ce que nous étions. Il y a beaucoup d'interprétations différentes, de manières différentes de comprendre cette expression. Et quoiqu'il en soit, nous n'avons pas encore été dégoûté de ce nom, ce qui est plutôt remarquable. Bien qu'il y ait pas mal de groupes avec le mot "animal" dans leur nom ces derniers temps.



HHC: A propos de votre background musical. Quelles sont vos premières influences, vos albums fétiches? Comment vous êtes-vous rencontrés les uns les autres? Je crois que FFA a intégré de nouveaux membres dans son roster dernièrement.



Ricky Rabbit: Vulture V et moi (Ricky Rabbit) nous sommes recontrés au sein de la scène hardcore/punk de Washington, autour de 2001 à peu prés. Nous jouions régulièrement avec des groupes "heavy-guitar" mais nous écoutions de moins en moins de rock. Pour ma part, je faisais de la noise music et je savais que Vulture V rappait (bien qu'il ne le fasse à l'époque qu'au sein de groupes bidons).

Là dessus, nous avons donc commencé à enregistrer avec l'aide de notre clavier/guitariste, Dr Dan a.k.a. The Young Anglometric. Le line-up de FFA a toujours été plutôt flexible. Nous avons réalisé des tournées et des concerts avec toutes sortes d'arrangements: rappeurs, guitares, synthés, beats, "hype-man", noise... L'été dernier (été 2006), nous avons tourné à travers la France avec un traducteur (en fait un bon ami qui parlait bien français et qui avait envie de voyager). Récemment, nous avons enregistré et tourné avec Hy, le nouvel "animal".

Hy: Ouais, je suis le nouveau membre du groupe. J'ai rencontré Andrew (Vulture V) dans un cinéma où nous travaillions tous les deux. Il terminait le premier album de FFA et je commençais juste à enregistrer et à rapper de manière sérieuse. Quand Andrew et Nick (Ricky Rabbit) ont débuté le deuxième album, ils m'ont invité pour réaliser un morceau avec eux. Nous avons enregistré ensemble, nous avons bien accroché et nous avons donc commencé à faire des concerts ensemble. Puis nous avons enchaîné les morceaux, les shows et voilà où nous en sommes aujourd'hui.



HHC: En terme de sons, "Scavengers" était comme un premier pas vers l'inconnu. Actuellement, à ce niveau là, vous n'avez pas vraiment d'équivalent pour autant que je sache. Quelle était votre situation quand vous avez réalisé ce premier album? A-t-il été difficile à promouvoir? Comment s'est faite la collaboration avec les gens de Muckamuck?



FFA: C'est assez surprenant qu'il y ait si peu de groupes qui sonnent comme FFA. D'un côté, c'est plutôt flatteur et super d'être sur quelque chose qui semble relativement nouveau. Mais d'un autre côté, c'est assez difficile car il n'existe pas une scène à proprement parler d'où nous pouvons nous extraire.

Muckamuck Produce est un label fondé par un bon ami à nous. Le label nous a grandement aidé à démarrer et à sortir notre musique; malheureusement il ne s'occupera plus de la sortie de nouveaux disques. C'est dommage parce que c'était un très bon label.



HHC: En termes de sons, vous sentez-vous proches de toute la scène IDM? Je pense à des labels comme Planet Mu, Tigerbeat, Rephlex, etc...



FFA: La scène IDM nous a porté beaucoup plus d'attention et nous a probablement aidé bien plus que la scène hip-hop ne l'a jamais fait. D'ailleurs, nos prochains albums sortiront en Europe sur le label de Jason Forrest (producteur d'électro allemand), Cock Rock Disco, qui est plutôt un label de breakcore. Récemment, nous avons pourtant essayé de nous éloigner un peu du côté un peu prétentieux que l'on retrouve dans beaucoup de trucs IDM. Nos performances en live sont bien plus hip-hop à présent. On s'éclate et on essaie de ne pas trop rester immobiles derrière nos laptops.



HHC: Vos sonorités me rappellent parfois la scène grime/dubstep que l'on trouve au Royaume-Uni. En raison de BPMs assez réduits, des ambiances sombres, des beats crades et du rap très agressif. Est-ce une scène à laquelle vous vous intéressez?



FFA: Oh bien sûr, nous aimons certains trucs grime. Les flows de certains MC's font partie des tous meilleurs du moment. Je crois qu'il y a peut-être davantage d'influence grime sur notre nouvel album, "Belly". En grande partie parce que le rap pratiqué est plus technique et rapide que sur nos précédentes sorties.



HHC: Quel équipement utilisez-vous? Comment vous répartissez-vous le travail? Simplement, comment faites-vous de la musique? Est-ce un travail à plein temps?



Ricky: Nous avons toujours réalisé nos disques nous-mêmes, habituellement chez nous, sur ordinateurs. Par le passé, j'utilisais de vieilles versions d'ACID pour les beats et ProTools pour la partie vocale/synthés. A présent, j'apprends à me servir d'Ableton Live, comme tout le monde. Mais tout ce que nnous utilisons a été obtenu gratuitement (que ce soit les logiciels ou les ssamples). N'allez pas gaspiller votre argent là-dedans. Tout est bon à prendre. Malheureusement, nous sommes plutôt loin de payer nos factures grâce à l'argent des ventes de disques et des tournées, donc nous sommes obligés de travailler à côté. C'est la raison principale qui fait que nous mettons si longtemps à réaliser de nouvelles sorties.



HHC: Quel est le son de tous les jours, en dehors de la musique, que vous aimez le plus?



FFA: Hmmm, je dirais "dehors"? Les sons de la Nature? Peut-être que j'ai simplement besoin de sortir plus souvent de la ville.



HHC: Comment se fait-il que vous fassiez partie des, disons, 5% de rappeurs américains qui nous parlent des problèmes politiques actuels? J'ai vu ce documentaire sur la scène hardcore américaine des débuts, et il y avait ce passage à propos de la scène de Washington où un mec disait que beaucoup de gamins vivants ici avaient des parents bossant pour l'administration. Est-ce votre cas?



FFA: Vivant dans la zone de Washington, nous sommes davantage exposés au gouvernement. Quand je rends visite à des amis ou de la famille à Washington, je peux voir les bâtiments gouvernementaux du coin des quartiers les plus pauvres. Je crois que c'est inhérent au fait d'être un MC d'ici, c'est dans ton état d'esprit. C'est la même chose pour un MC de Los Angeles qui rappe à propos de la culture des gangs.





HHC: De quelle manière votre environnement influence votre façon de faire de la musique? Comment sonnerait FFA aprés 5 années de vie, disons, à Hawaï? De même, à quoi ressemble la scène de Washington? Elle est connue pour ses labels de rock comme Dischord et d'autres, mais y-a-t-il une niche pour vos genres de trucs?



FFA: Nous nous sommes rencontrés et avons commencés à Wahington, mais je ne suis pas sûr que DC, en tant que ville, ait réellement influencé notre son. Ca n'est pas que Washington DC n'ait pas une longue et fascinante histoire de la musique underground. Ca a été génial parfois. Et parfois génial pour nous aussi.
FFA est né durant la pèriode de transition où beaucoup de vieux groupes de Dischord ralentissaient peu à peu leur activité. Le son de DC était en train d'évoluer. Nous avons été impliqués dans ces changements, via le côté plus jeune, davantage électronique/expérimental de cette scène, aux côtés de Q And Not U, Black Eyes, Manhunter... Muckamuck et Hoss Records étaient impliqués aussi. Les gamins délaissaient les guitares pour se mettre aux "drum machines". Les gens se mettaient à danser.

Aujourd'hui, beaucoup de ces mêmes gamins ont quitté DC pour d'autres endroits. Aucun de nous ne vit encore à DC (nous sommes à Baltimore et Barcelona), et très peu de nos potes sont toujours là. C'est plutôt triste mais la vie à DC est assez difficile ces derniers temps. C'est comme pour le hip-hop. A DC, le rap se retrouve surtout dans le "go-go" (sons lourds et funky, percussions live). Chaque mois, il y a davantage de concerts go-go que de concerts de hip-hop. Ca ne me pose aucun problème, j'ai (Hy) grandi avec le go-go et le rap. La scène rap de DC est petite mais néanmoins très passionnée par ce qu'elle fait.



HHC: Vous avez réalisé ce 7" avec Bomb Mitte. Comment cela s'est-il passé? Ainsi qu'une question de nerd: il y a des chances de voir un jour "Scavengers" édité en vinyle?



FFA: Bomb Mitte est un label allemand génial géré par notre pote Christoff. Il s'est occupé de toutes nos tournées en Europe (déjà quatre fois!). Il a été d'une très grande aide pour FFA. Mais "Scavengers" ne sera probablement jamais sorti en vinyle. Je veux dire, à moins qu'il y ait une résurgence massive d'intérêt. Mais nous aussi nous aimerions voir nos albums sortir en vinyle.



HHC: Vous vous préparez à sortir, sous peu, votre deuxième album. Pouvez-vous nous en parler? Devons-nous nous attendre à quelque chose dans la même veine que "Scavengers"? Avez-vous une date de sortie? Un label?



FFA: Notre nouveau disque s'appelle "Belly" et c'est un monstre. En Europe, il sera sorti par le label Cock Rock Disco de Jason Forrest (www.cockrockdisco.com). Aux Etats-Unis, ce sera par Hoss Records (www.hossrecords.com). Tous deux sont d'excellents labels.

Si tu as entendu quelques-uns de nos anciens trucs, l'idée est la même: du rap qui explose à travers d'énormes nappes de bruit et des bouts de samples dans tous les sens. Il y a néanmoins un peu de place pour quelques subtilités et quelques nuances. Ca n'est pas uniquement des beats bruyants et noisy. On s'amuse. Il y a des morceaux plus introspectifs. Nos vies sont variées, l'album est à cette image. Pour moi, il s'agit de trouver de nouvelles directions où emmener le hip-hop. Notre but est d'exploser les esprits des gens. Je crois d'ailleurs que la principale différence entre cet album et nos trucs plus anciens se trouve dans la qualité des raps. L'écriture et les flows sont beaucoup plus forts sur ce "Belly". Nous sommes inarrêtables à présent.



HHC: Artistiquement parlant, dans quoi êtes-vous plongés actuellement (musique, films, peu importe)?



Hy: j'aime ce nouvel album de UGK. J'ai aussi écouté beaucoup de Marvin Gaye ces derniers temps. A présent, je suis plutôt dans les films français de gangsters ("Ascenceur Pour l'Echaffaud", "Le Cercle Rouge", "Classes Tous Risques"). Lino Ventura est terrible.

Ricky: Voyons. En ce qui me concerne, dernièrement j'ai écouté beaucoup de soul, quelques trucs de Krautrock et de free-jazz, mais tous ces trucs sont vieux et ennuyeux. Bien entendu, nous gardons une oreille ouverte sur les nouvelles sorties hip-hop, même s'il y a beaucoup de trucs pas terribles ces derniers temps. Parfois, concernant le hip-hop, la radio est au moins aussi excitante que l'underground. Vous, les Européens, avez-vous entendu parler de la Baltimore Club music? Vous devriez jeter un oeil à ça, si ça ne vous dit rien. DJ Technics, Rod Lee, etc... Un son vraiment brut mais tout à fait dansable.



HHC: Vous avez déjà réalisé des tournées en Europe. En avez-vous de bons souvenirs? Quel est le public le plus à fond, les Américains ou les Européens? Vous prévoyez de revenir sous peu?



FFA: Nous avons fait beaucoup plus de tournées en Europe qu'aux Etats-Unis. Aucun de nous n'a de voiture, c'est donc difficile pour nous de voyager à travers les Etats-Unis. En Europe, vous avez les transports en communs. Aux Etats-Unis, ils ne sont pas terribles.
Donc ouais, nous aimons tourner à travers l'Europe. C'est marrant parce que le public est généralement plus intéressé par FFA dans des pays où l'anglais n'est pas parlé.
J'ai (Hy) de très bons souvenirs de l'Europe. J'ai adoré. Nous avons fait un concert le jour de mon anniversaire (le 10 Juillet) à Konstanz, en Allemagne. Ce fut probablement la performance la plus dingue à laquelle j'ai pris part.



HHC: Quel est donc le programme de FFA pour l'hiver? Des plans secrets que vous pouvez nous révéler?



FFA: Hé bien, je pense que nous allons revenir en Europe en décembre. Vraiment, nous allons essayer de voyager à peu près partout cette fois, avant que le monde ne redevienne tout petit (les prix de l'essence maintenus bas de manière artificielle ne dureront pas pour toujours). Nous devons aussi partir pour le Japon, bientôt. Autrement, nous allons continuer à faire nos trucs.



Questions de Pseudzero et Almyum
Traduction de Newton
Octobre 2007

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