Portrait
Jurassic 5



Même si la côte ouest reste principalement connue pour son gangsta rap natif elle a aussi su s'ouvrir vers un hip hop frais en mettant un peu de soleil et d'innovation dans un hip-hop d'inspiration east coast. Cette nouvelle scène, restant d'âme underground avant tout, accouche dans la seconde moitié des années 90 de groupes désormais incontournables tels que Dilated Peoples, Pharcyde, Blackalicious et bien sûr Jurassic 5.

Provenant tout droit de la cité des anges, J5 est à l'origine l'union de deux groupes répondant aux noms des Rebels Of Rhythm et Unity Committee. Quatre emcees et deux deejays se réuniront donc sous les pseudos de Chali 2na, Zaakir, Akil, Marc 7, Cut Chemist, Nu-Mark et commenceront à côtoyer le Good Life Café situé en plein South Central de Los Angeles lors de soirées open mic et en y interprétant quelques shows. L'officialisation de la création du groupe passe par la sortie chez Blunt/TVT du maxi 'Unified Rebelution' qui fait entrer le nom du groupe dans l'esprit de tous les puristes. Rapidement, le groupe prend son indépendance avec le label Rumble et attend de se faire virer de chez Blunt/TVT pour enfin sortir leur "EP" qu'ils ne voulaient pas voir sortir sur un label qui ne les voyaient que comme un "novelty group". L'année de sa sortie, en 1997, des dizaines de milliers de copies sont écoulées partout dans le monde et, étonnement, surtout en Europe et au Japon. Le public découvre alors un jeune groupe qui sonne paradoxalement un peu old school et qui
rappelle incontestablement le bon temps des Cold Crush Brothers et Double Trouble du fait de leurs harmonies vocales et de leur manière d' interpréter le hip hop avec fraicheur et entrain.



On dit alors d'eux qu'ils ont hérités d'un flambeau déjà relayés par les Roots, De La Soul et autres Black Star et ils entrent vite dans la catégorie des conservateurs farouches d'un hip hop indépendant d'esprit. Une version longue apparaîtra quelques mois plus tard avec l'aide de PIAS et s'intitulera donc "LP".

Jurassic 5 se différencie clairement des autres groupes en apportant une touche funky à leurs beats réalisés par ses deux producteurs et en accordant harmonieusement les flows très différents des quatre rappeurs. Même si le "EP" fait bonne impression aux oreilles des adeptes du milieu underground c'est avec "Quality Control" (sur la major Interscope) que Jurassic 5 s'envole.

En juin 2000, presque sept ans après leur formation, le groupe underground le plus prolifique de sa génération sort un essai longue durée officiel de quinze titres. Au final le contenu est assez proche du "EP" et J5 prouve que même en reprenant cette formule ils sont capable d'unir les critiques. Sur les titres 'LAUSD' et 'Monkey Bars', le groupe revient aux sources en rendant hommage au fameux 'The Bridge' de MC Shan et à la old school en général :

"Now you know us but it's not the Cold Crush, four MC's so it ain't the Furious / Not the Force MCs or the three from Treacherous, it's a blast from the past from the moment we bust."

Ils évoquent aussi des sujets plus sérieux comme sur 'World of Entertainment (Woe Is Me)' ou 'Contribution' où ils traitent des majors et de leurs effets néfastes sur le contenu du rap. Sous certains aspects, Jurassic 5 peut être considéré comme un groupe conscient et puriste reflétant presque l'âme des anciens groupes de l'âge d'or et des valeurs originelles du mouvement hip-hop.



Après une longue tournée et quelques projets de Cut Chemist, c'est en octobre 2002 que les Jurassic 5 reviennent avec un tout nouveau disque intitulé "Power In Numbers". Sur cet album le groupe est plus engagé, plus mature et touche des sujets plus sensibles et variés tout en restant fidèle à sa ligne de conduite habituelle. Ainsi sur 'Freedom', Chali 2na at Akil évoquent la pauvreté dans le tiers monde et le système pénitencier américain et sur 'Remember His Name' et 'Thin Line' avec Nelly Furtado, ce sont les aléas de la vie quotidienne qui sont à l'honneur. On revient au golden age avec 'What's Golden' justement (premier single extrait) et 'A Day At The Races' avec l'invité numéro un de l'album : Big Daddy Kane. Kool Keith vient poser un a capella et Juju occupe la productions de deux titres. Le reste est inévitablement réalisé par les deux crate-diggers du groupe Cut Chemist et DJ Nu-Mark qui assurent pleinement sur l'ensemble... plus particulièrement sur 'Acetate Prophets' nous rappelant la fantastique outro mixée 'Swing Set' qui brillait sur "Quality Control" et s'avérant toujours aussi appréciable par la maîtrise des platines mise en oeuvre et la complicité évidente des deux compères. Au final l'album est une réussite mais il n'obtient pas d'échos aussi favorables que ses prédecesseurs, véritables classiques underground. Histoire à suivre.

Rikem
Juin 2003

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