Tame One
When Rappers Attack

Lorsque les backpackers du monde entier ont appris l'an passé qu'à la suite de son "Crazee EP" Tame One venait de signer sur Eastern Conference pour un album, ils se sont mis à bénir le blase d'EC en les remerciant de donner enfin une chance à l'ex-Artifacts de revenir au premier plan et de montrer de quoi il était capable sans le soutien d'El Da Sensei. Eastern Conference semblait un bon choix pour le leader du Boom Skwad. Après tout, EC a toujours représenté ce son lourd et crade typiquement east coast, pas forcèment très imaginatif mais élevé dans le respect des productions de Buckwild, Lord Finesse, Showbiz et autres Beatminerz… Des producteurs que Tame a lui-même côtoyé sur disque au cours de sa carrière et qui lui ont donné ses plus grands titres de gloire. Les premières apparitions de Tame One sur les volumes 2 et 3 des compilations "Eastern Conference All Stars" nous avaient conforté dans notre pressentiment favorable. Avec un flow quelque peu mis à jour, 'The Moment I Feared', 'Dreamz' ou encore 'Tame As It Ever Was' avaient permis à Tame de se faire connaître par un nouveau public, de satisfaire ses adeptes de longue date et nous avaient réellement rendus enthousiastes à l'idée de son premier opus solo. Après le solide "Relax, Relate, Release" de son ancien compagnon de route El Da Sensei, Tame One se devait de ne pas nous décevoir.

Raté. Dommage pour nous, ce "When Rappers Attack" est en grande partie bâclé. Le livret nous met pourtant en confiance. Blindé des œuvres graffiti de Tame One, il nous montre que le emcee de "New Jerusalem" n'a pas oublié ses origines et a su garder son intérêt pour les raids nocturnes à la recherche d'un mur vierge. Mais, dès qu'on met le disque sur la platine, quelque chose cloche. Dès les premières notes de 'When Rappers Attack', on sent que tout tourne au vinaigre. Camu Tao nous sort de son chapeau une production synthétique anorexique qui laisse un goût rance et que toute l'arrogance et les punchlines de Tame ne peuvent sauver du naufrage total. Et la deuxième offrande de Camu Tao ne vient pas relever le niveau… "Nighthawks" était bien l'exception à la règle et 'Act Right' est tout aussi décevante par ses sonorités digitales cheap ; nous amenant à encourager de toutes nos forces Camy à se concentrer désormais sur ses rimes plutôt que sur la production. En concentrant maladroitement ces deux ratages en début d'album, EC entraîne une débandade rapide et nous met d'une humeur orageuse pour la suite des évènements. Surtout que les autres producteurs présents ne font pas vraiment monter la sauce. J.Dangerous fait dans le sample grillé à volonté ; Mighty Mi est peu inspiré sur 'Leak Smoke' (où Cage livre une performance qui sent le service commandé) ; DJ Porno semble en être à sa première production et même le très soul 'Up 2 No Good Again' de RJD2 manque d'un petit quelque chose.

Notre dernier espoir réside alors dans les quelques productions du parrain des Old Maid Billionaires. Car l'alliance de Tame One avec le génial J-Zone sur l'enragé 'Tame Az It Ever Wuz' (ici inclus) nous avait comblée par sa production dynamique et recherchée, ses violons allant crescendo, ses cuivres pêchues et l'alchimie étrange qui se créait entre le flow expressif de Tame et la créativité débridée de J-Zone. Mais même là, la magie n'opère pas pleinement. Pas à cause de J-Zone cependant. Il est irréprochable une fois de plus et relève clairement le niveau. 'Slick Talkin' bénéficie ainsi d'un beat pseudo-asiatique excellent… Le problème est que le morceau s'arrête malheureusement au bout d'1 minute 40 alors qu'on commence juste à l'apprécier ! 'Heat' est aussi un grand cru en provenance de Pimp Palace East (plein de cassures rythmiques, de violons, de guitare et d'un "brrr" surprenant) mais là c'est Tame One qui peine à trouver ses repères sur la structure complexe de J-Zone et sonne hors sujet.

Il nous reste alors les titres que nous apprécions depuis un moment pour trouver un peu de réconfort. Le funky 'Dreamz' (produit par Reef) qui voit Tame mettre ses rêves de grandeur en paroles sur une guitare pétillante et surtout 'Moment I Feared', hommage à Slick Rick sur une production fantastiquement décalée de Mighty Mi. Avec beaucoup d'humour, Tame One nous y raconte une journée qui tourne très mal. Et là, on se rend compte soudain que l'échec de cet opus n'est pas uniquement imputable au faible niveau de la production et que Tame a aussi sa part de responsabilité. En alignant les battle rhymes et les egotrips sans varier les approches et sans la moindre originalité, en ne nous livrant pas plus de textes à thèmes comme 'The Moment I Feared', il ne fait rien pour amener un peu de variété ou de piment dans notre voyage et souligne encore plus les imperfections sonores. Même son 'Homage 2 Da Bomberz' sonne forcé… Histoire d'avoir le quota de graffiti qu'attendaient les fans.

Malgré sa courte durée (40 minutes), "When Rappers Attack" est donc loin de convaincre et laissera un pincement dans le cœur de tous les amoureux d'Artifacts. En dehors des J-Zoneries, les meilleurs titres sont en gros ceux que nous connaissions déjà. Si vous n'avez aucun volume des "Eastern Conference All Stars", vous trouverez donc sûrement un intérêt dans l'acquisition de cet album mais si, comme moi vous les possédez tous, vous n'y trouverez que des raisons de pester. "When Rappers Attack" est une authentique déception. Dans le jeu des carrières solo, El Da Sensei sort gagnant. Espérons que R.A. The Rugged Man, autre vétéran qui a trouvé une place au soleil aux côtés de Mighty Mi, saura éviter le même échec et nous offrir un album plus complet et surtout mieux produit.

Cobalt
Avril 2003
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Label: Eastern Conference Records
Production: J-Zone, Camu Tao, DJ Mighty Mi, J.Dangerous, Reef, RJD2, Maliq "DJ Porno" Griffin
Année: Mars 2003

01. When Rappers Attack
02. Heat
03. Act Right
04. Tame Az It Ever Wuz
05. Slick Talkin'
06. Up 2 No Good Again
07. Leak Smoke (feat. Cage Kennylz)
08. Dreamz
09. Concerto
10. Moment I Feared
11. Iz It Me ?
12. Homage 2 Da Bomberz

Best Cuts: 'The Moment I Feared', 'Tame Az It Ever Wuz', 'Slick Talkin'

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