Aesop Rock
Appleseed

Bien avant l'ère Def Jux et la sortie de "Labor Days" et "Daylight EP", le seigneur Ian Bavitz sévissait en solitaire depuis son fief, quelque part entre Boston et Long Island.

En 1998, sans faire de bruit, épaulé par quelques obscurs faiseurs de sons et comme pour préparer sa propre révolution sonique (celle de Company Flow était depuis peu déclenchée), il enregistre dans la confidentialité "Music For Earthworms", un 12 titres prometteur distribué via Internet. Les backpackers les plus avertis (et les plus vernis) découvrent Aesop Rock, mc extraterrestre, rappeur hors-normes de 21 ans qui joue de sa voix nasillarde et d'un ton monocorde sur un playground glacial et oppressant.

L'année suivante, la confirmation s'appelle "Appleseed". Le hip hop alambiqué et dévastateur d'Aesop Rock prend forme. Assisté des architectes Blockhead et Omega (pour un track chacun), le mc/producteur parachute un disque prémonitoire d'une qualité considérable. C'est dans sa diversité, sa constance et son immuabilité qu'"Appleseed" surplombe son prédécesseur et une bonne partie du hip hop indépendant de l'époque. Le rap d'"Aesop" est abrupt et austère sur 'Hold The Cup' (construit autour d'un cuivre accablant), minimaliste et sans fioriture sur l'obscur 'Same Space. Il se veut personnel et intimiste sur l'orchestration d'Omega ('Sick Friend'), empreint de jazz sur le noir et inspiré 'Dryspell'. Le rap d'Aesop est technique et précis, sa plume acerbe et la largeur de son champ lexical en font un des tous meilleurs lyricistes contemporains, son flow est limpide et d'une fluidité déconcertante.

Quand il croise le fer avec Dose One - le trublion d'Anticon - sur l'idéale conclusion 'Odessa', Aesop Rock est au sommet de son art et semble avoir trouvé un coéquipier idéal pour cette escapade abstraite.

Au final, cette seconde progéniture ne souffre d'aucune défaillance réelle, le disque est dense (bien que très court) et répond aux insuffisances de "Music For Earthworms" par une évidente régularité et la variété de ses ambiances. Il est le prélude idéal au classique et admirable "Float" qui sera livré quelques mois plus tard sur Mush. Il est certain qu'avec une meilleure distribution (peut on encore espérer une réédition ?), cet "Appleseed EP" aurait bénéficié du feedback mérité.

Kreme
Juillet 2003
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Label: Autoproduction
Production: Aesop Rock, Blockhead, Omega One
Année: 1999

01. Appleseed Intro
02. Dryspell
03. Same Space
04. Sick Friend
05. Hold The Cup
06. 1000 Deaths
07. Blue In The face
08. Odessa (feat. Dose One)

Best Cuts: 'Dryspell', 'Hold The Cup', 'Odessa'

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