Six Vicious
Krunks Not Dead

Au terme d'une année discographique essentiellement marquée par les rééditions de son excellent "Duration" (accompagné d'un dvd inédit) et de son superbe travail avec Recyclone chez CHR, force est de constater que l'actualité musicale de Sixtoo a été plutôt calme en nouveautés en 2005 (rien de bien concret à part le double 7" pour Bully concocté avec Norsola). Alors pour égayer un peu ce début d'automne, rien de mieux qu'un petit maxi agressif et accrocheur. Pour ce faire, Sixtoo a réenfilé son costume de Six Vicious, double hip hop contemporain, en moins ravageur, de l'illustre Sid Vicious qui en est l'inspirateur.

Six Vicious revient donc en solo cette fois. Seul, sans son compère Super DJ Signify, avec qui il formait "The Incredibly Ghetto Team" le temps d'un court mais intense "No One Leaves", au départ simple tour-cd qui a depuis fait l'objet d'un pressage vinyle (qu'on vous recommandera fortement), toujours chez Bully. Le "Krunks Not Dead" objet de notre attention aujourd'hui n'est composé que de deux pistes. Pas de quoi en faire un fromage, mais tout de même. Car Sixtoo est un artiste qu'on connaît bien et qu'on suit depuis que nos oreilles ont été capables d'entendre un hip hop différent. Alors rien de plus naturel pour nous que d'être là afin de se tenir au courant de sa santé musicale. Et bonne nouvelle, elle va bien.

Deux morceaux donc. Deux productions froides et rugueuses, deux perles noires déshabillées de tout couplet, comme pour mieux provoquer l'infiltration contagieuse qu'elles semblent faire naître au fil des écoutes. Une mélodie de quelques notes jouée au xylophone qui trotte dans les oreilles comme une ritournelle thématique, voilà de quoi est fait la première piste, 'Salle Torturée'. Une mélodie qui pourrait aussi bien caractériser un personnage maléfique au sein d'un film d'épouvante, en annonçant son arrivée dans l'action par exemple. Un peu à la manière du thème d'Halloween soulignant la présence de Michael Myers. Mais ce n'est pas tout, car d'un riff agressif de basse se transformant petit à petit en une seconde mélodie, le morceau prend la mesure de son obscure expression, parcimonieusement entrecoupée par quelques scratches lointains.

Revenons au cinéma, et encore une fois à John Carpenter, puisque la filiation ne peut être niée sur 'Heavy Handed', tant l'emploi de cette basse synthétique qui ouvre le morceau fait office d'hommage au langage musical du réalisateur (qui rappelons-le, est souvent l'auteur de ses propres musiques). Une basse sourde donc, qui s'immisce du début à la fin de la piste comme un relent de noirceur accentué par l'association d'un breakbeat tourbillonnant et addictif à un autre jeu de basse guère plus engageant. Le résultat peut sembler aride et dépouillé, mais on ne peut nier la profondeur de cette ode ténébreuse renvoyant directement au score de Carpenter pour Assaut.

Sixtoo nous a donc concocté un maxi sévère et obscur. Mais quoi de plus naturel pour illustrer l'arrivée de l'automne et fêter les morts! Son alter-ego Six Vicious a pour le moment été très inspiré ; inspiration visant peut être à faire naître en nous le désir d'en entendre davantage, dans l'espoir bien sûr que nos souhaits se réalisent. Krunks not Dead, Sixtoo neither.

Finesse
Novembre 2005
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Label: Bully Records
Production: Sixtoo
Année: Octobre 2005

1. Salle Torturée
2. Heavy Handed

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