9th Cloud
A Monkey In A Yellow Hat

Après un maxi introductif en juin et la première partie de DJ Vadim pour un concert réalisé dans la foulée, 9th Cloud nous revient cette fois avec son premier album sur le label Baleine Records, nouvelle dépendance du distributeur bien connu La Baleine. Il nous revient aussi chapeauté par une structure située en Corse : Montera Music. "A Monkey In A Yellow Hat" est la première sortie de cette nouvelle entité sur un long format et se doit donc de donner le ton quant à la future orientation artistique et musicale du label. Alors, faux départ ou début d'une aventure prometteuse?

Nouvel artiste oblige, une introduction succincte s'impose. 9th Cloud est un français qui a débuté comme DJ dans le domaine de la hard tek avant de vite s'en lasser et de rejoindre les amateurs d'un autre genre musical qui utilise lui aussi beaucoup les platines et que je ne vous ferais pas l'affront de citer. C'est à travers des gens comme Pete Rock ou A Tribe Called Quest que 9th Cloud découvre le monde du hip hop et qu'il bascule naturellement vers la production, sous l'influence avéré des DJ's Krush et Cam. Apres quelques essais peu convaincants avec des mc's pas vraiment convaincants eux non plus, il approfondit sur ce premier opus solo sa technique, en se concentrant sur une matière plus musicale et finalement libérée de rappeurs s'étant révélés encombrants. C'est donc tout récemment qu'il nous est revenu avec un maxi qui donnait un riche avant goût de ce qu'allait être sa musique et de comment elle allait s'articuler tout au long d'un album, puisque la moitié des morceaux au moins se retrouvent sur "A Monkey In A Yellow Hat". Artiste sérieux et généreux, 9th Cloud occupe de nombreux postes dans la conception de cet album en y laissant une touche personnelle palpable, empreinte d'une atmosphère volontiers jazzy à l'opposé d'un hip hop rugueux et brut. On l'aura compris, il s'agit là d'un artiste plutôt orienté vers un hip hop soyeux qui navigue sur la fine frontière séparant parfois le hip hop instrumental du trip hop.

Autant le dire tout de suite, pas de trip déconstructionniste ici, mais plutôt un voyage linéaire et propre dans l'univers du producteur. 9th Cloud ne s'en cache pas, certains artistes l'ont fortement marqué voire inspiré dans ses conceptions musicales. Ses premières influences ont été des gens comme DJ Shadow ou DJ Krush et même si on est loin ici des productions syncopées du premier ou de la maîtrise du développement démontré par le second, les qualités mises en avant par le producteur français sont indéniables. Ce qu'il faut souligner et saluer ici, c'est que l'album comporte un grand nombre de compositions originales et un minimum de recours aux samples (en tous cas dans la composition de mélodies) sans que cela n'appauvrisse la matière musicale via l'utilisation de synthés aux sonorités nauséabondes. Non. Ici, saxophonistes, guitaristes et bassistes s'entrecroisent pour créer une atmosphère proche du jazz nocturne ('My Life's An Interlude', 'Indigo, Block Six', 'Oh Dam Dam') cher à un artiste comme Fat Jon (que l'on pourrait plus facilement identifier comme une influence de 9th Cloud à l'écoute de cet album que nombres des influences clairement déclarées par ce dernier). Tout le travail de découpage-collage des samples et des arrangements originaux est monté de façon soignée afin de flatter nos oreilles sans jamais nous secouer, mais plutôt pour nous confirmer dans la douceur parfois trop tendre de certaines des compositions. Malgré toute sa bonne volonté, 9th Cloud ne peut pourtant pas éviter le danger qui guète tout projet quasi instrumental : le manque d'explorations provoque la redite, et la redite, l'ennui. En effet, si certains morceaux arrivent à nous captiver assez pour que l'on ait envie d'y pencher une oreille attentive afin d'y déceler les pistes les plus en retrait, d'autres se révèlent bien trop prévisibles et peu aventureux. L'homogénéité des morceaux les uns par rapport aux autres parsème une écoute générale agréable de petits moments d'insignifiance ('I Need It', 'Une Ame Sensible', 'A Blend Of The Purest'). Heureusement, conscient des limites d'une majorité des albums instrumentaux, 9th Cloud à la bonne idée d'inviter quelques participants pour illustrer ses productions afin de leur offrir un souffle supplémentaire. Mention particulière à Rio qui sur le morceau 'Soldiers Of Your Mind' trouve un moyen subtil d'associer son chant à un des beats les plus affirmés de l'album. Les quelques autres apparitions de Rio et MC Runigga, même si elles se révèlent au final assez anecdotiques, sont appréciables dans leur manière d'apporter un peu plus de consistance à l'ensemble du projet.

Ni faux départ ni album fondateur, "A Monkey In A Yellow Hat" est un projet honnête, dégagé de toute prétention révolutionnaire mais habité par une sincère humilité vis-à-vis du courant qu'il représente et vis-à-vis des sources d'inspirations chères à 9th Cloud. Des influences assumées avec une franchise touchante… Même si l'artiste semble encore regarder ses modèles d'en bas, il ne faut pas s'en inquiéter mais plutôt être patient. On doit tous naître une première fois et 9th Cloud s'offre une naissance plutôt prometteuse. On attend donc la suite d'une oreille attentive, car aussi bien Baleine Records que la scène française ont besoin d'encouragements.

Finesse
Novembre 2004
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Label: Baleine Records
Production: 9th Cloud
Année: Septembre 2004

01. Slow Rush
02. My Life's An Interlude
03. I Need It
04. Soldiers Of Your Mind (feat. Rio)
05. Une Ame Sensible
06. A Blend Of The Purest
07. Vinyl Maniac
08. Les Mondes Visibles
09. Indigo, Block Six
10. U Know (feat. Rio & MC Runigga)
11. Feel Better Now For A While
12. Les Mondes Possibles
13. Oh Dam Dam
14. Physical Vitamin
15. Don'tro

Best Cuts: 'My Life's An Interlude', 'Feel Better Now For A While'

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