Sunspot Jonz
Don't Let Em Stop You

Fondateurs du collectif le plus constant et soudé de toute la scène underground californienne, les Mystik Journeymen sont pourtant éclipsés depuis quelques temps par leurs protégés Murs, The Grouch ou Eligh. Il faut dire que si "Black Sands ov Eternia" ou "4001 : The Stolen Legacy" font toujours partie des livraisons les plus marquantes des Living Legends, la petite forme de Luckyiam.PSC et de Sunspot Jonz exhibée l'an passé sur le très décevant "Magic" palissait en comparaison avec "Crusader for Justice" ou encore "Poltergeist" et peut aisément expliquer les choses. Après les archives en demi-teinte de "Fallen Angelz", Sunspot se devait de redresser la barre et de redonner un peu de lustre au blase MJ.

Surtout que son nouvel opus "Don't Let Em Stop You" débarque avec une exposition inattendue. Fort de son amitié de longue date avec le canadien Moka Only, BFAP a en effet la chance de pouvoir être l'auteur du premier album 100% Living Legends disponible dans tous les bons magasins de disques grâce au soutien du label Battle Axe. Pour l'occasion, Sunspot nous a donc concocté un album entièrement nouveau en indépendance totale.

Comme à l'accoutumée, toujours très productif, il s'est occupé de la quasi-totalité des compositions de ce "Don't Let Em Stop You". Laissant uniquement la barre à son complice Moka Only sur l'addictif 'There She Go' (à la boucle de guitare diablement entêtante), à l'incomparable The Grouch sur le hitesque 'Unstoppable' et à Simon sur 2 titres, Sunspot distille partout ailleurs le funk synthétique minimaliste qui est devenu sa marque de fabrique au fil des années. Affectionnant les ambiances heurtées à bases de beats saccadés, de claviers fantomatiques, de boucles de guitare mystiques et de synthés aigus parfois dissonants, il assemble des instrumentaux directement identifiables et souvent ponctués de changements de rythmes en dominos ('Dazeold', 'Devilsfood'). On constate encore quelques fautes de goût à la "Magic" à l'occasion mais elles sont en nombre réduit et sont vite pardonnées (le squelettique 'Broken Wing World' et le cheap 'Damn U'). Et, si sa touche synthétique pourra en rebuter certains, il serait dommage de s'arrêter à ce détail car, à l'instar des autres membres de son crew, Sunspot sait injecter dans ses machines ce supplément d'âme qui fait la différence.

Surtout que l'album a une structure globalement ascendante. Après une première moitié parfois un peu ampoulée, l'album prend en effet vraiment son envol, propulsé par le sommet de l'album : la réunion des têtes d'affiche des légendes vivantes californiennes 'Unstoppable', qui montre une fois de plus la puissance de feu des Legends lorsqu'ils sont en rangs serrés sur une production posée de The Grouch. 5 minutes 20 de bonheur qui sont prolongées sur nombre de titres de la fin de l'opus et font plaisir à entendre. Après de bons moments, l'album se conclue ainsi sur l'indispensable bonus track 'Ghostworld' (déjà connu des adeptes mais toujours aussi efficace) qui voit Simon réussir à filtrer une des énièmes reprises du tube eighties niais 'I Just Died In Your Arms Tonight' de Cutting Crew pour la métamorphoser en toile de fond émouvante et imparable des états d'âme d'un Sunspot au sommet de sa forme.

A ce sujet, le emceeing sans fioritures mais personnel de Sunspot, livré d'une voix grave claire et d'un flow changeant mais somme toute plus classique et linéaire que celui de la majorité de ses compères LL, est toujours au service de textes honnêtes, parfois labyrinthiques et peu structurés mais le plus souvent touchants. Comme lorsqu'il réveille ses vieux démons sur 'Escape The Past', 'Broken Wing World' ou 'Dazeold' pour évoquer ses doutes, son côté asocial ou encore sa jeunesse turbulente sous l'emprise de l'alcool. Ou comme lorsqu'il évoque en filigrane son dégoût pour les agissements de son gouvernement et pour la logique de paupérisation dans laquelle est enfermée le tiers-monde pris au piège de la globalisation capitaliste ('Ghostworld', 'Unstoppable', 'Damn U'…).

Sans occulter les réelles faiblesses évoquées et l'inclusion de 2 titres instrumentaux quelque peu inutiles, "Don't Let Em Stop You" s'avère être une livraison plus que respectable qui, même si elle n'est pas aussi réussie que "Child of the Storm" (la meilleure galette de BFAP en solitaire), devrait permettre à tous ceux qui n'en ont pas encore eu l'occasion de rentrer enfin dans le monde unique et riche en émotions des Living Legends. On regrettera peut-être que Sunspot n'ait pas consenti à inclure plus de confections sonores du Grouch ou encore d'Eligh mais, en même temps, on ne pourra pas lui en vouloir d'avoir voulu mener son projet de bout en bout. Baroudeur en mission spéciale commandée ('Mission Begins'), Sunspot reprend ici le dessus et se sort d'une ornière. Alors qu'il annonce déjà un nouvel opus solo intitulé "Scream 2 Whisper" pour les mois à venir, on ne peut que s'en réjouir.

Cobalt
Août 2003
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Label: Don't Let Em Stop You
Production: Jonz, Simon aka Dirt Nasty, Moka Only, The Grouch.
Année: Juillet 2003

01. Mission Begins
02. Escape The Past
03. Broken Wing World
04. No Gutz
05. Damn U
06. Go Back
07. There She Go (feat. Moka Only)
08. Hello
09. Adam 12 [Beatdie Delite]
10. Don't Let Em Stop U
11. Unstoppable (feat. Lucky I Am, Eligh, Grouch & Scarub)
12. Stand Up
13. Life's Poetry
14. Dazeold
15. Time Travel [Beatdie Delite]
16. Pick Up The Pieces
17. Highlife
18. Devilsfood
19. Ghost World [Bonus Track]

Best Cuts: 'Unstoppable', 'Ghostworld', 'Dazeold'.

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